Les sœurs et autres espèces du vivant, d’Élisabeth Barillé: la recherche de la sœur perdue
CRITIQUE -La romancière entrelace avec virtuosité trois destins et une réflexion sur la question biographique.
La vie étrangère nous échappe, paraît comme apparaît un soir une bête à la lisière d’une forêt, s’évanouit à nouveau.» Cette phrase est de Reiner Stach, l’auteur d’une monumentale biographie de Kafka. Élisabeth Barillé aurait pu la signer ; elle la reprend à quelques pages de la fin de son saisissant et si singulier roman, Les Sœurs et autres espèces du vivant. Déjà quarante ans que nous suivons Élisabeth Barillé à la trace avec le zèle d’un privé sorti de chez Duluc. La romancière se fait, elle aussi, ici, détective. Elle s’est mise sur deux affaires à la fois. La première? La recherche de la véritable identité de sa sœur Lucie. La seconde? L’étude approfondie d’une artiste naturaliste du XVIIIe siècle, Madeleine Françoise Basseporte (1701-1780).
Le roman oscille remarquablement entre ces deux quêtes diamétralement opposées. La narratrice connaît bien sa sœur: elle est son antithèse, ou, plutôt, sa contrepartie. Un jour, Lucie décide de prendre ses cliques et ses claques, direction Dubaï…