"Bloquons tout le 10 septembre" : l'embarras des syndicats face à la crainte d'être dépassés ou débordés

Dans le mouvement du "10-Septembre-Bloquons tout", la volonté de certains organisateurs est de paralyser le pays, avec un ciblage de sites stratégiques, dans le domaine de l'énergie, de l'industrie de Défense. Ils ciblent aussi les voies ferrées, les aéroports, ou encore des facultés, des hypermarchés, et même des plateformes Amazon. Mais il y a aussi des appels à rester chez soi, à ne plus consommer, à vider ses comptes en banque.

Il s’agit d’exprimer le refus du budget qui se prépare, perçu comme de l’austérité, et aussi une franche opposition à la suppression envisagée des deux jours fériés. La réforme des retraites d’Emmanuel Macron, qui n’a pas toujours pas été digérée, est également dans le viseur. Plus largement, le mouvement rejette ces politiques jugées trop éloignées du quotidien des Français.

Une préparation secrète loin des syndicats

Ces revendications sont diverses, éparses, très larges, et il n’est pas non plus facile de cerner les contours de ce mouvement, qui a démarré sur les réseaux et qui s’organise via les boucles Whatsapp, Télégram, ou même dans des réunions, dont sont exclus les journalistes.

Les syndicats ne sont pas à la manœuvre et ils sont divisés face à ce mouvement. La CFDT, a toujours pris soin de garder ses distances, au motif que ce n’est pas la méthode du syndicat réformiste de tout bloquer. Du côté de Force ouvrière (FO), pas d’appel officiel non plus à y prendre part. Ces centrales misent plutôt sur la journée de l’intersyndicale plus traditionnelle, prévue le 18 septembre.

La CGT poussée par sa base à participer

Seule, la CGT a choisi de participer aux deux mobilisations, du 10 et du 18 septembre. Mais Sophie Binet, la chef de file de la CGT, a mis du temps à rejoindre le mouvement "Bloquons tout". C'est face à une partie de sa base très remontée qu'elle a finalement rejoint "cette initiative citoyenne", selon ses mots.

Ces positionnements montrent bien l’embarras des syndicats traditionnels. D’un côté, ils craignent de passer à côté, de se faire dépasser par des mouvements comme au moment des "gilets jaunes". De l’autre, ils ne veulent surtout pas être accusés de débordements, car c’est bien le risque.

Quel degré d'implications des citoyens ?

C'est d’ailleurs ce qui inquiète l’exécutif, même si selon une note des renseignements territoriaux récupérée par franceinfo, quelque 100 000 participants sont attendus, et une quarantaine de cortèges sont à prévoir. Mais ce sont des estimations et le gouvernement reconnaît sa difficulté à juger le degré d’implication des citoyens.

La crainte est que, sans leaders identifiés, sans service d’ordre, sans véritable organisation, ce mouvement du 10 septembre soit incontrôlable, avec des actions violentes, de sabotage, des pillages, et des groupes extrêmes prêts à en découdre.