La réforme des retraites, on lâche l’affaire, on abandonne ? Certainement pas. Le 5 juin, les députés communistes et ultramarins remettront la question au cœur des débats à l’Assemblée nationale.
« Le passage à 64 ans est une plaie encore saignante pour la démocratie française. Cette réforme injuste et brutale a été imposée contre l’avis des Français, contre l’avis unanime de l’intersyndicale, et sans aucun vote des députés. Le 5 juin, l’enjeu est considérable : nous entendons provoquer enfin un vote dans l’hémicycle sur cette réforme », prévient Stéphane Peu, chef de file des députés PCF et président du groupe GDR.
Mais comment faire sachant que, lorsque la France insoumise a tenté d’abroger la réforme des retraites, en novembre, la Macronie et les députés LR ont fait obstruction au débat de 9 heures du matin à minuit, empêchant tout vote sur la question.
Une bataille loin d’être terminée
« Nous en avons tiré enseignement. Nous allons utiliser notre niche parlementaire pour déjouer l’obstruction en déposant une proposition de résolution affirmant l’impérieuse nécessité d’abroger cette réforme. Ce type de texte ne peut être ni amendé, ni bloqué par l’article 40, ce qui garantit un vote clair et sans entrave. Nous aurons donc le premier vote de l’Assemblée et enfin la vérité des prix sur qui combat ou non ce texte », assure Stéphane Peu.
La bataille n’est donc pas du tout terminée, d’autant que, le même jour, la CGT appelle à la mobilisation. « On continue à se battre car nous sommes majoritaires dans le pays. 69 % des Français sont pour un référendum sur cette réforme, et les deux tiers veulent l’abroger. D’ici au 5 juin, notre mission est de convaincre, de nous mobiliser, de faire grève et de mener des actions partout où c’est possible », assure Denis Gravouil.
Le secrétaire confédéral de la CGT était présent pour une première soirée de rassemblement, mardi 20 mai dans la soirée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dans la circonscription de Stéphane Peu. La sénatrice PCF Cathy Apourceau-Poly y a également pris la parole.
« L’année 2023, cela peut sembler loin, très loin… Mais le passage à 64 ans on en entend parler tous les jours. Cette réforme, elle provoque une hausse du chômage et des arrêts maladie chez les seniors déjà croqués par le travail. Elle fait baisser les pensions. Elle ne passe pas. Alors on ne lâche rien. On a eu le 49.3 à l’Assemblée, le 44.3 au Sénat, le rejet de toutes nos alternatives, le refus d’un référendum par le Conseil constitutionnel, mais ce n’est pas fini ! » insiste l’élue du Nord.
Relancer le souffle de la mobilisation de 2023
Et ce d’autant que la violence de 2023 n’en finit pas de se démultiplier. « Les effets nocifs de cette réforme ont été immédiats et vont s’aggraver dans les mois et années à venir, nous sommes devant une bombe à retardement, notamment pour les plus modestes et les femmes », alerte Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU.
L’heure est donc à réalimenter le souffle des centaines de milliers de personnes mobilisées contre ce texte pendant des mois en 2023, gravement ignorées par un gouvernement qui s’est servi des pires articles de la Constitution dans un même geste antidémocratique et antisocial. « Les seuls exemples d’une telle brutalité, sur une réforme d’une telle ampleur, sont à trouver dans les pays au bord de la faillite », observe l’économiste Michaël Zemmour.
Sauf que la France, en 2023, n’était absolument pas au bord de la banqueroute. « Face à la question démographique sur le financement des retraites, il existe plusieurs pistes : repousser l’âge de départ, baisser les pensions, ou augmenter les cotisations. Et le gouvernement a tranché d’emblée sans demander l’avis des Français », note l’enseignant-chercheur.
Urgence pour la démocratie et la justice sociale
Or, selon ses calculs, revenir à une retraite à 62 ans, comme le revendiquent les syndicats, coûterait 10 milliards d’euros. « Cela coûte encore moins si on augmente les salaires, si on fait baisser le chômage et si on taxe les inégalités femmes-hommes. Mais partons sur 10 milliards à trouver : cela représente 1 point de cotisation sociale, soit 15 euros par mois à partager entre salarié et employeur pour un Smic, 30 euros par mois à partager pour deux Smic. Cela mérite donc d’être discuté, et ce n’est pas logique que ce débat ait été empêché. »
Il y a donc urgence, pour la démocratie, pour la justice sociale, à reprendre un bras de fer que la gauche n’a jamais abandonné. « Cette réforme est un totem pour Macron, qui a expliqué son refus de nommer le Nouveau Front populaire à Matignon car nous entendions abroger le texte. Ce combat est iconique, car il départage ceux qui au fond veulent des retraites individualistes par capitalisation et ceux qui défendent le collectif, la fraternité et la répartition », mesure Stéphane Peu, qui donne rendez-vous aux députés, et aux citoyens, le 5 juin.
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