Budget 2026 : les vrais-faux amis de François Bayrou
Réactions classiques de l'opposition après des annonces gouvernementales : Marine Le Pen assure dans Le Parisien qu'en l'état, impossible pour le Rassemblement national de ne pas voter la censure, La France Insoumise agite le chiffon rouge, et même l'ancien président de la République socialiste, François Hollande, déclare dans Le Monde jeudi 17 juillet que s'il veut écarter le risque de censure, le gouvernement doit réviser profondément ce budget.
Mais le Premier ministre va devoir aussi se méfier de ceux qui sont censés le soutenir. François Bayrou peut se dire qu’avec des amis comme ça, pas besoin d’ennemis. Parfois pour escalader l’Himalaya, mieux vaut être seul que mal accompagné.
Sur sa droite, les Républicains jouent double jeu, un pied dedans, un pied dehors. Le pied dedans, c'est Bruno Retailleau, qui a tout de même laissé passer 24 heures avant qu'on entende le son de sa voix. Le ministre de l’Intérieur assure que les partis de gouvernement - comprenez le sien, Les Républicains - ne pourront pas se défausser, jouant la carte de la crédibilité, du sérieux contre ce qu’il appelle "le cartel du déni", notamment le RN. L’autre pied, dehors, c'est la charge menée par Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand qui critiquent un plan Bayrou bourré de lacunes avec trop de hausses d’impôts. Il faut s’attaquer à l’assistanat, et aux dépenses liées à l’immigration, lancent-ils. Problème : si le Premier ministre accédait à ces demandes, il se priverait d'une cartouche et de la bienveillance potentielle des socialistes, au risque de perdre sur tous les tableaux.
La présidentielle en vue
Mais le pire, c’est peut-être Édouard Philippe. "Quasiment rien dans ce qu’il propose ne règle le problème", déclare l'ancien Premier ministre. Édouard Philippe taille un costard à l’un de ses successeurs à Matignon. Il s’étrangle : aucune réforme structurelle, pas de réelle transformation… Pour le maire du Havre, depuis la dissolution, ce quinquennat va dans le mur, il ne se passera plus rien d’ici à 2027.
Le point commun à tous ses amis qui n’en sont pas vraiment, c'est qu'ils sont tous présidents de groupes parlementaires ou chefs de partis, voire les deux si on ajoute Gabriel Attal qui s'est fendu d'un post sur X d'autosatisfaction pour vanter une réforme de l'assurance-chômage qu'il avait préparée à Matignon. Mais surtout, tous sont déjà candidats à la présidentielle et personne ne pensait que François Bayrou ferait le sale boulot à leur place. Heureusement, il reste à François Bayrou le soutien d’Emmanuel Macron qui a fait l'éloge d’un plan d’économies qui a "la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité". Le président y voit une stratégie claire et solide. C’est aussi son budget, au moment où il met en scène son retour au premier plan, avec un déplacement sur l’étape du Tour de France jeudi. Le chef de l’État joue l’image de son quinquennat, et en y réfléchissant à deux fois, les vrais-faux amis de François Bayrou, l’ont sûrement bien compris.