« Les Disparues » : un documentaire indispensable sur les meurtres et viols d’Amérindiennes aux États-Unis
Le 25 novembre 2020, Mary Ellen Johnson s’est volatilisée sur la Fire Trail Road, une immense autoroute de l’État de Washington. Son mari a attendu deux semaines avant d’avertir de cette disparition la sœur de la jeune femme et de prendre la tangente vers la Californie sans laisser d’adresse. Il n’a jamais été inquiété par la justice : Mary Ellen est amérindienne.
Ce que révèle de façon saisissante, à travers son histoire, la documentariste franco-américaine Sabrina Van Tassel, c’est le colonialisme raciste, toujours à l’œuvre aux États-Unis, envers cette population. Car, très vite, la réalisatrice montre que le cas de Mary Ellen n’est pas isolé : en 2016, on comptait ainsi 5 172 disparitions de femmes amérindiennes. Dans cette communauté, trois femmes sur cinq ont déjà été violées, deux sur cinq sont victimes de trafic sexuel. Les meurtres de ces femmes sont dix fois plus élevés que dans la population générale.
Révoltant, effarant et indispensable
Que fait donc la police ? Pas grand-chose en vérité. Dans les réserves amérindiennes, elle n’a pas le droit d’enquêter ni d’intervenir sur les personnes qui n’appartiennent pas à la communauté, ce qui exclut tous les Blancs. Le FBI pourrait y mettre son nez, mais ne se presse pas pour prendre ces affaires en charge.
Le documentaire, implacable, montre comment, pour tuer leur culture, depuis le début du siècle et jusqu’à récemment, les enfants amérindiens ont été enlevés en masse à leurs parents, envoyés dans des pensionnats où ils ont subi de mauvais traitements inimaginables.
Dans quel état ressort-on de cet enfer ? L’alcool et la drogue ont été, pour beaucoup, le moyen de survivre. Les femmes, violées, assassinées, jetées dans la forêt ou dans un fossé, relèvent de la même logique : celle du mépris des dominants contre les Amérindiens. Un film révoltant, effarant et indispensable.
Les Disparues, Canal Plus, 21 h 10, le 19 mars 2025.
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