Avant la COP30, le mouvement climat relance les mobilisations pour faire pression sur les États

À moins de deux mois de la COP30 à Belém (Brésil), la pression monte timidement aux quatre coins du monde pour que les États accélèrent la lutte contre le réchauffement planétaire. Portées par le cri d’alarme des peuples autochtones du Brésil et du Pacifique, une centaine d’associations et d’ONG ont lancé au niveau global une nouvelle initiative baptisée « Draw the line » (fixons les limites). De nombreuses actions ont ainsi lieu dans au moins 87 pays jusqu’à fin septembre, de Jakarta (Indonésie) à Kinshasa (RDC), en passant par Berlin (Allemagne) et les îles Kiribati.

En France, une quarantaine de marches « Climat, justice, libertés ! » sont prévues partout dans le pays dimanche 28 septembre, dont une au départ de la gare du Nord, à Paris, à 14 h 30. « On est à un moment critique de l’Histoire, on voit la planète qui brûle de toutes parts, le coût de la vie et de l’énergie qui explosent, des conflits à travers le monde, des génocides, et face à ça on décide de tracer une ligne rouge à ne pas franchir vis-à-vis des dirigeants du monde entier », confie Fanny Petitbon, responsable France de l’ONG 350.org.

Ces manifestations ont ceci de notable qu’elles s’inscrivent dans la lignée des mobilisations du 10 et du 18, cette dernière ayant rassemblé 1 million de personnes, selon les syndicats. Mais s’appuyer sur ces succès suffira-t-il à relancer le mouvement climat ?

Les défenseurs de l’environnement peinent à fédérer

L’enjeu vaut en France comme ailleurs. Après les grands rassemblements citoyens de 2018 et de 2019, portés notamment par les jeunes, les défenseurs de l’environnement peinent depuis à fédérer dans les rues, ce alors qu’ils ont saisi ce que doit être le cœur de la bataille, à savoir la remise en cause du système capitaliste, fondée sur la lutte des classes.

Un constat d’autant plus amer que la crise climatique s’aggrave, et que les vents contraires ne cessent de se multiplier. Le climatodénialisme trumpien se propage par-delà les frontières états-uniennes. L’Union européenne (UE), qui incarnait jusqu’alors un leadership en termes d’ambition climatique, est en train de tourner casaque, aveuglée par une course à l’armement et à la compétitivité délétère. La lame de fond réactionnaire tend à freiner l’élan international de lutte contre le changement climatique et, paradoxalement, la contre-attaque tarde à émerger.

Pourtant, comme le rappelle Fanny Petitbon, toutes les propositions sont déjà sur la table : « Un calendrier très clair de sortie des énergies fossiles, l’accélération de la transition énergétique en mettant les citoyens au cœur du processus, la taxation des ultrariches et des pollueurs pour financer les services publics et la transition. » Parmi ces mesures, la taxation des grandes fortunes en est une déjà majoritaire dans l’opinion publique, en tout cas en France. Reste à les imposer au sommet, afin que les chefs d’État et de gouvernement s’en saisissent. Car bien que salutaires, ni les lignes rouges dessinées au sol à la craie ni les chaînes humaines de l’appel « Draw the line » ne permettront à elles seules d’inverser la tendance.

L’heure tourne. Mercredi, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, vont coprésider un sommet crucial sur le climat, durant lequel les États participants seront sommés de transmettre leurs nouvelles contributions déterminées au niveau national (NDC), ces feuilles de route actualisées de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2035. L’UE, qui intervient sous mandat unique lors des négociations climatiques, portera un objectif nébuleux de baisse entre 66,25 % et 72,5 % par rapport à 1990. Pas de quoi honorer l’accord de Paris de 2015. Mais une raison de plus de faire monter la pression.

La Terre de nos batailles

La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.

Il n’y a pas de fatalité.

  • Nous démasquons les manipulations des lobbies.
  • Nous battons en brèche les dénis climatiques mortifères.
  • Nous mettons en valeur les initiatives visant à réduire les inégalités environnementales et les fractures sociales.

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