La culture mobilisée, le dernier épisode de la saga d’Assassin’s Creed et Wes Anderson à La Cinémathèque.
Frappé par des coupes budgétaires spectaculaires en 2024, le secteur de la culture se mobilise ce jeudi 20 mars 2025, après que certaines régions, comme les Pays-de-la-Loire, ont perdu plus de 62% de budget alloué à la culture. À Paris mais aussi dans d’autres villes aux quatre coins de l’Hexagone, les acteurs du secteur dénoncent "pour la première fois, une crise sans solutions."
Laurent Cappe, codirecteur du Théâtre Rollmops à Boulogne-sur-Mer, s’est vu contraint d’annuler toute la programmation de fin de saison. "Concrètement, on a supprimé tous les spectacles prévus entre janvier et mai". S’ajoutent à cela les incertitudes budgétaires et le retard des votes de ces derniers, rendant les autofinancements et les tenues de trésoreries quasiment impossibles pour les petites infrastructures.
“ Là on arrive au bout de ce qu'on peut faire. On a totalement épuisé nos réserves et on a toujours aucune décision qui a été prise sur les budgets dont nous bénéficierons cette année.”
Laurent Cappe
Contraint d’annuler les représentations prévues au sein de son établissement, le Théâtre Rollmops, plein à chaque spectacle avant le début de la crise, il maintient toutefois les actions éducatives et extérieures prévues, avec le soutien d’un “public atterré par la situation”.
Nouvel épisode d’Assassin’s Creed
Produit phare du fleuron du jeu vidéo français Ubisoft, Assassin’s Creed revient dans un 14e épisode pour suivre les aventures de deux guerriers nippons à l’époque du Japon féodal.
Sur les bus, dans la rue, à la télévision, ce projet fait l’objet d’une communication d’une rare ampleur et pour cause, puisque l’investissement d’Ubisoft pourrait être estimé à facilement 300, voire 400 millions d’euros, en plus de moyens techniques colossaux et d’une durée de travail sur ce projet d'environ cinq ans.
Si les joueurs ayant déjà pu tester le jeu se révèlent conquis, ce dernier épisode de la saga se veut toutefois déterminant pour l’avenir de la plus grosse entreprise de jeu vidéo française, leurs derniers jeux n’ayant pas rencontré un franc succès. Pour Jean Zeid, journaliste spécialiste des jeux vidéo, "on ne parle pas de cercueil, mais le visage d'Ubisoft, si Assassin's Creed Shadow ne fonctionne pas au niveau international, changera. Soit, parce qu'on parlera d'une scission du groupe, soit parce qu'on parlera d'une vente". Employant 4 000 personnes pour un secteur en comptant 17 000 en France, l’avenir d’Ubisoft est un "enjeu crucial" pour le marché français du jeu vidéo.
"Il faut savoir que dans l'écosystème du jeu vidéo en France, les grands aident les moyens, les moyens aident les petits, tout ça fait partie du même système. Donc si Ubisoft tousse, toute la chaîne tousse également."
Jean Zeid
Outre les inquiétudes économiques, le jeu suscite également des polémiques venues de l’extrême droite américaine ou de créateurs de contenus français criant au wokisme, après que le jeu a dévoilé mettre en scène une femme et une personne noire en personnages principaux. Pour Jean Zeid, "on essaie d'instrumentaliser le jeu vidéo et les productions d’Ubisoft pour répondre à un calendrier politique ou idéologique. C'est une grosse épine dans le pied d'Ubisoft.”. Épine qui s’ajoute à un procès judiciaire visant d’anciens cadres de la maison et d’une certaine forme de lassitude des joueurs après quatorze épisodes.
L’univers Wes Anderson débarque à La Cinémathèque
Après Agnès Varda, Romy Schneider ou James Cameron, c’est au plus fantaisiste des réalisateurs américains de débarquer à La Cinémathèque pour une exposition rétrospective de son œuvre. Les objets originaux tirés de la filmographie de Wes Anderson s’enchaînent au fil des pièces, chacune est consacrée à un film et organisée de manière chronologique.
“À vouloir trop le thématiser, on aurait perdu cette dimension de temps. C'est un cinéma assez mélancolique et j'ai eu envie que les films dialoguent les uns avec les autres.”
Mathieu Orléans, commissaire de l’exposition
Pensée de manière à ravir les fans, la rétrospective en est d’autant plus accessible aux spectateurs connaissant peu son œuvre.
Exposition Wes Anderson(Nouvelle fenêtre) à la Cinémathèque française, jusqu'au 27 juillet.
Une émission avec la participation de Matteu Mastracci, journaliste au service culture de franceinfo.