PFAS : enfin une loi pour lutter contre le scandale des polluants éternels

Il ne mâche pas ses mots. C’est LE scandale sanitaire de ce début de XXIe siècle. Nicolas Thierry, député écologiste, espère avec sa proposition de loi, qui revient dans l’Hémicycle ce jeudi 20 février, interdire les PFAS, ces substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées – des polluants très persistants et toxiques, utilisés dans la fabrication et d’un certain nombre de produits du quotidien, comme les cosmétiques, chaussures, textiles d’habillement, farts de ski… Et ce dès 2026.

Il s’agit, affirme l’élu de Gironde, d’envoyer un message clair : « Protéger la santé publique et notre environnement prime sur les profits à court terme. » Le texte, si il est voté à l’Assemblée nationale, rendra aussi obligatoire le contrôle des PFAS dans l’eau potable partout en France. Et il instaurera une taxe pollueur-payeur, afin que les industriels payent la dépollution, dont ils sont responsables depuis cinq ou six décennies.

Autant dire que cette proposition de loi n’avait pas été du goût de bon nombre d’industriels, dont l’entreprise Tefal, filiale du groupe Seb. Le PTFE (polymère du tétrafluroéthylène, alias le Téflon) qu’elle utilise dans ses poêles antiadhésives devait, à l’origine du texte, faire partie des substances interdites. Au printemps 2024, lors des discussions sur la proposition de loi, le lobbying des industriels, comme Seb, a fini par entraîner le retrait des ustensiles de cuisine dans la liste des articles sans PFAS.

« Ils ont multiplié les rencontres avec des députés et ont ciblé des groupes politiques », explique Nicolas Thierry. Ils ont ensuite proposé à certains députés de faire adopter un amendement, sachant que « si un seul devait être retenu ce jeudi, cela renverra la proposition de loi au Sénat par la navette parlementaire ».

Entendez repartir pour des années de discussions. En commission du Développement durable de l’Assemblée nationale, le 12 février, le groupe Rassemblement national a déposé une bonne partie des amendements qui reprenaient les arguments des industriels. « Nous avons réussi à les repousser, mais c’est un bon révélateur », note Nicolas Thierry. Une étape décisive, aucun nouvel amendement ne pouvant être déposé dans l’Hémicycle ce jeudi.

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