Recevant un prix contre l’antisémitisme, Macron a assisté jeudi soir au premier allumage de bougie de Hanoukka à l’Élysée

La séquence fait grincer quelques dents. Alors qu’Emmanuel Macron tenait une cérémonie jeudi soir dans la Salle des fêtes de l’Élysée, pour le prix Lord Jacobovits - remis aux chefs d'État et de gouvernement européens (comme Angela Merkel en 2013 ou le roi Felipe en 2016), qui luttent contre l'antisémitisme et défendent la liberté de pratiquer la religion juive - , le chef de l’État a participé au premier allumage de bougie de la fête de Hanoukka. Plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent en effet le président de la République, aux côtés du Grand rabbin de France Haim Korsia, qui allume le chandelier devant lui.

Si Emmanuel Macron n’a bien évidemment participé à aucun acte ou parole religieuse, au nom de la laïcité de l’État et de son devoir de neutralité vis-à-vis de l’ensemble des cultes, ce moment filmé commence à agacer les oppositions. Jeudi soir, le maire LR de Cannes David Lisnard s’est demandé «comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l'antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l'unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ?» Le président n’avait, il est vrai, pas participé à la grande manifestation du 12 novembre, rassemblant toute la classe politique, y compris les représentants du RN, à l’exception des leaders insoumis. Le président de l’Association des maires de France (AMF) a raillé «une première» qui est, selon lui, «contraire à la laïcité».

L’Elysée, un «lieu de culte»

La gauche, de son côté, n’est pas en reste. «Ce soir, le palais de l'Élysée est devenu un lieu de culte. Et dimanche matin, la messe en latin ? Laïcité, quand tu nous tiens», a persiflé le député LFI Adrien Quatennens. «Ce président navigue à vue, sans principe ni ligne de conduite. La République l'attendait pour manifester contre l'antisémitisme il n'était pas là, laïque, elle ne l'attendait pas pour une fête religieuse à l'Élysée», a également raillé l’ancien sénateur et membre du PS David Assouline. «La France est une République Laïque, l'Élysée comme les mairies ne peuvent être des lieux de célébration des cultes», a enfin critiqué le maire socialiste de Montpellier Michael Delafosse.