TÉMOIGNAGES. "On voulait du pain, on a eu du sang" : à Gaza, des témoins racontent les tirs mortels près d'un centre d'aide humanitaire

Des bombardements quotidiens. Ces dernières 24 heures, il y a eu 51 morts et un demi-millier de blessés dans des frappes israéliennes à Gaza. Et comme pour ajouter à la tragédie en cours, des Palestiniens affamés meurent désormais à proximité des centres de distribution d'aide de la Gaza humanitarian foundation (GHF), pilotée par les Israéliens et les Américains. Selon le ministère de la Santé de Gaza, lié au Hamas, au moins 31 personnes sont mortes à la suite de tirs dimanche 1er juin près d'un centre d'aide humanitaire à Gaza, imputés par les secours à l'armée israélienne qui a nié être impliquée. Un porte-parole de la GHF a démenti des informations "fausses et fabriquées de toutes pièces".

"On voulait du pain, on a eu du sang", explique ce Palestinien. Ses paroles sont terribles. Ce père de famille cherchait de la nourriture mais avant d'avoir atteint le point de distribution, il a été emporté par une foule prise de panique. "Les Israéliens tiraient dans tous les sens avec leurs drones, avec les mitrailleuses de leurs chars, raconte-t-il. Il y a eu des morts et personne ne s'est arrêté pour les ramasser. Chacun pour soi. Les gens sont affamés et veulent nourrir leurs femmes et leurs enfants. On est deux millions de personnes et on se bat pour quelques sacs de farine."

"J'ai dû ramasser plus d'une vingtaine de dépouilles à moi tout seul"

L'armée israélienne nie être à l'origine des tirs. La Fondation humanitaire de Gaza évoque de fausses informations alimentées par le Hamas. Un autre Palestinien, lui, a vu des corps criblés de balles. "Parmi les morts, il y avait aussi bien des hommes que des femmes, explique-t-il. Nous avons ramassé les cadavres et nous les avons emmenés jusqu'à l'hôpital de la Croix-Rouge. On était au milieu d'une marée humaine. J'ai dû ramasser plus d'une vingtaine de dépouilles à moi tout seul."

Un dernier témoin palestinien est très en colère. "Je n'en peux plus, dit-il, de vivre comme un animal, de me sentir humilié par les Israéliens." Et il conclut : "Désormais, ça ne suffit plus de se faire tuer avant de mourir. Ils nous obligent à mendier."

Le secrétaire général de l'ONU demande une enquête sur cet événement tragique survenu dimanche matin. "Je suis consterné par les informations faisant état de Palestiniens tués et blessés alors qu'ils cherchaient de l'aide à Gaza", a déclaré lundi Antonio Guterres. "Il est inacceptable que des Palestiniens risquent leur vie pour obtenir de la nourriture", a-t-il ajouté dans un communiqué, sans attribuer la responsabilité des décès.