Euro-2025 féminin : et si c'était enfin la bonne pour les Bleues ?

Tous les deux ans, c'est la même rengaine. Après avoir été éliminées en quarts de finale des trois derniers Mondiaux, des Jeux olympiques de Paris en 2024 et à trois reprises au même stade de la compétition à l'Euro, les Françaises vont-elles enfin briser la malédiction ? Toujours annoncées parmi les favorites, les Bleues n'ont jamais réussi à décrocher un seul titre majeur dans leur histoire.

Pour ne pas leur porter une nouvelle fois la poisse, les attentes se font plus modestes pour l'Euro organisé en Suisse à partir du 2 juillet. Même si elles font partie des grandes nations européennes, les joueuses tricolores se positionnent plutôt en "outsiders", derrière l'Espagne et l'Angleterre, respectivement championne du Monde et d'Europe en titre.

"On n'a pas gagné de trophée encore et tant qu'on n'a rien remporté, on ne peut pas être considérées comme favoris", a ainsi analysé avec modestie le sélectionneur Laurent Bonadei auprès de l'AFP, à quelques jours du début du tournoi.

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Une équipe remaniée

À 55 ans, cet ancien footballeur professionnel va vivre sa première grande compétition à la tête des Bleues. Après avoir été l'adjoint d'Hervé Renard lors du dernier Mondial en 2023 et des JO l'an dernier, il a pris le relais du "sorcier blanc".

Pour cet Euro, il a opté pour des choix forts, n'hésitant à se passer de cadres de l'équipe comme l'emblématique capitaine Wendie Renard ou la meilleure buteuse de l'histoire des Bleues, Eugénie Le Sommer (94 buts), ou encore la milieu de terrain Kenza Dali, qui affiche 76 sélections. À l'inverse, il a décidé de miser sur de jeunes joueuses comme les défenseuses Alice Sombath (21 ans, OL Lyonnes), Thiniba Samoura (21 ans, PSG), Lou Bogaert (21 ans, PFC) et Melwenn N'Dongala ( 20 ans, PFC) .

"Le groupe a été remanié à peu près d'un tiers. Ce vent de fraîcheur peut apporter un plus", a justifié Laurent Bonadei. "Je me suis dit qu'il était temps d'opérer cette transition, je me devais de penser à l'instant présent et à l'avenir, pour que cette équipe puisse progresser", a-t-il ajouté.

Cette sélection new look est clairement tournée vers l'avant, comme le souligne le sélectionneur : "J'ai huit joueuses offensives [dont la milieu Amel Majri, NDLR], donc quand on a que trois postes cela fait beaucoup de joueuses dans l'attente, mais cela crée une bonne émulation et m'offre beaucoup de possibilités. Il y aura une forte rotation sur ces trois postes en fonction des adversaires, pour avoir un impact offensif très important". Sur cette ligne d'attaque, il va pouvoir compter sur l'ailière du Wave de San Diego Kadidiatou Diani, la néo-Lyonnaise Marie-Antoinette Katoto, la joueuse de Chelsea Sandy Baltimore ou encore la meilleure joueuse du championnat de France, Clara Mateo.

Avec 14 buts inscrits lors des quatre derniers matches dont cinq face à la Belgique, les Bleues se sont montrées efficaces récemment dans ce secteur. Les Françaises se sont toutefois fait peur lors de leur dernier match de préparation, le 27 juin, contre le Brésil. Menée 2-0 après un début de rencontre catastrophique, les tricolores ont su faire preuve de combativité pour effectuer une remontada et remporter leur 8e victoire d'affilée. "Je pense que maintenant elles sont prêtes", a estimé Laurent Bonadei après ce succès qui a constitué, selon lui, "la meilleure des préparations pour un championnat d'Europe où l'intensité va être élevée".

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Un groupe relevé

Les joueuses de l'équipe de France vont en effet entrer dans le dur dès le début de la compétition. Pour leur premier match, le 5 juillet, elles vont affronter les Anglaises, reines de l'Europe en 2022. Même si les "Lionesses" vont jouer sans trois de leurs cadres (Mary Earps, Millie Bright et Fran Kirby), elles ont soif de réaliser un doublé. Dans une poule au niveau relevée, les tricolores vont ensuite affronter le 9 juillet les étonnantes Galloises et le 13 juillet les toujours redoutables Néerlandaises, vainqueurs de l'Euro en 2017.

Habituée des rendez-vous internationaux, l'attaquante Delphine Cascarino sait qu'il va falloir sortir le grand jeu : "On est tombé sur un groupe très dur, avec les deux dernières tenantes du titre, les Pays-Bas et l'Angleterre. Il ne faut pas oublier le pays de Galles, qui est une bonne équipe aussi. À nous d'essayer de passer déjà les poules, rien que ça, ça va être difficile. Mais on a pour objectif d'aller le plus loin possible."

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Pour se qualifier pour les quarts de finale, les Bleues vont devoir terminer dans les deux premières places du groupe. Elles devraient pouvoir compter sur le retour de leur nouvelle capitaine Griedge Mbock. Touchée au mollet depuis la semaine dernière, elle a repris le chemin de l'entraînement. "Je garde espoir que Griedge Mbock puisse être prête" contre l'Angleterre pour le premier a ainsi estimé Laurent Bonadei. Victime d'une béquille à la cuisse face au Brésil, la latérale Selma Bacha est pour sa part toujours au repos.

Après avoir manqué le Mondial 2019, écartée par Corinne Diacre, et le Mondial 2023 pour cause de blessure, Marie-Antoinette Katoto pourrait être la locomotive de cette équipe. Après cinq matches sans marquer en sélection, la nouvelle joueuse de l'OL a retrouvé les chemins du but face au Brésil. Après avoir vécu une fin de saison compliquée au PSG et avoir très peu joué depuis avril, elle monte en puissance pour retrouver son meilleur niveau, comme elle avait su le faire lors du dernier Euro-2022, avant de se blesser gravement au genou pendant la compétition. Prudente, Marie-Antoinette Katoto ne fait toutefois pas de pronostics : "Je ne vais pas vous vendre grand-chose, je vais attendre de voir comment cela va se passer. Aux JO, j'ai été trop déçue, car j'avais mis un peu trop d'émotion et d'espoir. Là je vais prendre un peu plus de recul."

Avec AFP