Guerre en Ukraine : Poutine n'ira pas en Turquie, une victoire diplomatique pour Zelensky
Vladimir Poutine a communiqué mercredi 14 mai la composition de la délégation que va envoyer Moscou en Turquie pour participer jeudi à des négociations directes avec l'Ukraine, une délégation dont le président russe ne fera pas partie. Ce refus de Vladimir Poutine de se rendre à Istanbul est une victoire diplomatique pour le président ukrainien mais de courte durée. Dans cette partie de poker menteur, le président ukrainien a réussi à faire plier son adversaire.
Reprenons le fil des événements. Volodymyr Zelensky propose samedi 10 mai un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. Fin de non-recevoir de Vladimir Poutine en pleine nuit. Mais il fait une contre-proposition : des discussions directes en Turquie. Il imagine alors que, sans cessez-le-feu préalable, Volodymyr Zelensky refusera. Or le président ukrainien, en habile tacticien, le prend au mot. Il l'invite à un face-à-face à Istanbul. Une bonne volonté qui lui permet de rallier les Européens, les Américains, et même le Brésil de Lula et la Chine. Enfin, après quatre jours d’attente, fin du suspense, le président russe choisit la chaise vide, alors que c’est lui qui avait appelé à ces pourparlers. Le chef du Kremlin est pris à son propre piège.
Zelensky bon élève, Poutine perd du poids face à Trump
Pendant cet intense ballet diplomatique, Volodymyr Zelensky a rééquilibré le rapport de force. Les enjeux, c’était surtout de savoir sur qui reposerait l’échec de cette initiative, qui porterait le chapeau ? C'était aussi de gagner les faveurs de Donald Trump. Jeudi, Zelensky c'est le bon élève et Poutine celui qui traîne des pieds, et qui risque de perdre des points auprès de Trump.
La seule certitude c'est que Donald Trump ne viendra pas en Turquie. Et partant de là, une percée diplomatique est très improbable. On ne connaît pas la délégation ukrainienne et il n'est pas du tout certain que Volodymir Zelensky accepte de rencontrer la délégation envoyée par le maître du Kremlin, des seconds couteaux qui n'ont aucune marge de manœuvre et qui incarnent la ligne dure de Moscou.
On revient donc à zéro. Avec une grande inconnue. Que va faire Donald Trump ? Va-t-il céder à toutes les exigences du président russe ? Va-t-il au contraire remettre la pression sur Vladimir Poutine ? Ou va-t-il passer à autre chose, lassé de cet enlisement.
Un plan de sanctions américaines en préparation
La réponse est peut-être dans une autre réunion qui doit également avoir lieu jeudi en Turquie mais à Antalya, sur la côte méditerranéenne. Le sénateur américain Lindsay Graham, un républicain proche de Donald Trump doit y rencontrer des ministres européens. Avec dans sa poche un plan de sanctions très sévères contre la Russie.
Son projet de loi prévoit d'imposer des tarifs douaniers de 500% sur les biens importés aux États-Unis en provenance des pays qui achètent du pétrole, du gaz ou de l'uranium russe. Si Donald Trump laisse faire, ce sera un premier signe que le président américain est prêt, ponctuellement en tout cas, à se retourner contre le président russe.