Retraites : les deux tiers des Français souhaitent l'abrogation de la réforme des retraites de 2023, selon un sondage commandé par la CGT
Les deux tiers des Français (65%) voteraient pour l'abrogation de la réforme des retraites de 2023 en cas d'organisation d'un référendum. C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par l'Ifop pour la CGT publiée lundi 14 avril. La réforme des retraites, votée en 2023 sous le gouvernement d'Elisabeth Borne, a instauré l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, contre 62 ans précédemment. Selon ce sondage, cette abrogation est même souhaitée par près des trois quarts des salariés (73%). L'enquête révèle également que près de sept Français sur dix (68%) sont favorables à l'organisation d'un tel référendum (contre 67% en 2020), une proportion qui monte à 73% chez les salariés.
Dans le détail, ce soutien à une abrogation de la réforme de 2023 est massif chez les moins de 64 ans (78% des moins de 25 ans, 78% des 25-34 ans, 72% des 35-49 ans et 73% des 50-64 ans). Il est en revanche plus faible chez les plus de 65 ans : 41% y sont favorables. L'enquête de l'Ifop note que ce sont les sympathisants de gauche et d'extrême droite qui adhèrent à l'idée d'une abrogation. 88% des proches de LFI, 64% des sympathisants communistes et écologistes et 62% des socialistes et de Place publique y sont favorables, comme 82% des proches du Rassemblement national. À l'inverse, seuls 21% des sympathisants Renaissance et 29% des proches des Républicains souhaitent une abrogation.
Départ à la retraite entre 60 et 62 ans
Selon ce sondage, six Français sur dix (61%) et 68% des salariés estiment qu'il faut revenir à la retraite à 62 ans. Là encore, cette volonté est très marquée pour les sympathisants de gauche (60% à 83%) et d'extrême droite (73%). Mais le souhait de revenir à 62 ans n'est avoué que par 14% des proches de Renaissance et 27% des proches de LR.
À noter que le retour à un âge légal de départ à la retraite à 60 ans reste majoritaire dans le pays, même si l'idée perd du terrain. 56% de l'ensemble des Français et 66% des salariés sont favorables à un départ à la retraite à 60 ans, comme l'avait instauré la réforme de 1983. En 2022, 71% des Français et 71% des salariés souhaitaient ce retour.
Inquiétude avant la retraite
L'enquête de l'Ifop pour la CGT souligne par ailleurs que la moitié des Français avouent penser avec inquiétude au jour où ils prendront leur retraite, une inquiétude marquée surtout par les catégories de Français pauvres, modestes ou les classes moyennes. A l'inverse, 34% des catégories plus aisées et 21% des hauts revenus se disent inquiets. L'idée de travailler à temps plein jusqu'à 64 ans ne fait pas non plus recette. 54% des actifs pensent ne pas pouvoir travailler à temps plein jusqu'à 64 ans, au regard de leur état de santé et de la pénibilité de leur tâche. 60% des femmes actives et 66% des ouvriers sont sur la même idée. Le sondage note encore que la crainte des salariés d'être licenciés avant 64 ans est importante. 43% des salariés en contrat de droit privé pensent que leur entreprise ne les maintiendra pas dans leurs effectifs jusqu’à l’âge de 64 ans. 49% des femmes et 41% des ouvriers ont le même sentiment.
Enfin, l'enquête met en évidence le fort attachement des Français au système de retraites par répartition. 70% de l'ensemble des Français et 69% des salariés préfèrent le système par répartition pour financer la pension des retraités, contre 64% en 2018. Le système par capitalisation n'est adoubé que par 30% des personnes interrogées. Car la confiance dans ce mode d'épargne individuel est minoritaire dans le pays. 29% des Français (et 29% des salariés) ont confiance dans les marchés financiers pour assurer le financement de leurs retraites.
Augmenter les salaires pour plus cotiser
Alors comment assurer la viabilité du système des retraites ? L'enquête explore quelques pistes. L'idée d'accroître le montant global de la masse salariale sur laquelle sont prélevées les cotisations retraites, en alignant le salaire des femmes sur celui des hommes pour atteindre l’égalité salariale, est plébiscitée par 86% des personnes interrogées. 82% souhaitent soumettre à contribution les dividendes versés par les entreprises à leurs actionnaires. 80% sont favorables à accroître le nombre total de salariés cotisant pleinement au système des retraites en réduisant fortement le nombre de personnes sans emploi ou à temps partiel. L'enquête propose également d'accroître le montant global de la masse salariale sur laquelle sont prélevées les cotisations retraites en augmentant l’ensemble des salaires sur lesquels sont prélevées ces cotisations, ou encore d'accroître les ressources financières du système de retraites en augmentant d'un point les cotisations retraites patronales, soit en moyenne une hausse de 3 euros chaque mois durant 7 ans des cotisations par les employeurs.
Cette étude a été réalisée par l'Ifop pour la CGT, par questionnaire auto-administré en ligne du 2 au 4 avril 2025 auprès d’un échantillon national de 2 023 personnes représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus.