REPORTAGE. "Sur 30 pavillons, vous en avez 20 en location saisonnière" : sur l'Île d'Oléron, une prime pour inciter les propriétaires à louer à l'année
Des maisons aux volets fermés une grande partie de l'année... C'est un problème qui touche toutes les communes littorales et touristiques : l'explosion de meublés touristiques, proposés sur Particulier à Particulier ou Airbnb, en été seulement. Très rentables pour les propriétaires, cela rend le logement à l'année difficile pour ceux qui restent. L'île d'Oléron, en Charente-Maritime, est particulièrement touchée, avec 62% de résidences secondaires en moyenne sur l'île, d'après les calculs de la mairie, un taux plus élevé qu'à l'Ile de Ré voisine.
Parmi ces résidences secondaires, il y a 4 000 meublés touristiques, sur un total de 30 000 logements. Pour faire retomber un peu la pression immobilière, jeudi 22 mai, plusieurs mesures vont être soumises au vote du conseil communautaire : notamment une prime à la conversion pour les propriétaires qui accepteraient de louer non pas en saison, mais à l'année. C'est l'opération "Louez à l'année".
"Il n'y a pas de logement sur Oléron"
Signe de la crise immobilière à Oléron, de plus en plus d'habitants vivent dans des mobile homes. Aurélie et Christophe, sont au smic tous les deux. Ils en ont installé un de 24m2 dans le jardin du père d'Aurélie : "Nous, on était sur un budget de 700 euros mais il n'y a pas moyen, il n'y a pas de logement sur Oléron." Pourtant ce ne sont pas les maisons qui manquent : "Dans la rue juste derrière là, sur 30 pavillons, vous en avez 20 qui sont en location saisonnière."
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Alors la communauté de communes sort le bâton et la carotte avec un quota de locations saisonnières, il ne pourra pas y en avoir plus qu'actuellement, mais aussi avec une prime de 5 à 10 000 euros pour les propriétaires qui basculent de la location saisonnière à la location à l'année. De quoi convaincre Anne et Philippe, retraités : "On a un petit appartement au premier étage, là."
"Cet appartement est un placement pour notre retraite"
Actuellement, ils le mettent en location à un tarif normal pour un étudiant en période scolaire. Mais quand vient l'été, les touristes le paient bien plus cher : "3 000 euros les deux mois d'été". Une manne financière à laquelle ils s'apprêtent donc à renoncer. Ils vont bientôt prendre un locataire à l'année : "Par rapport à notre conscience, on se sent mieux de faire comme ça. On entend de plus en plus parler de personnes qui ne trouvent pas de logements. Il faut faire aussi un effort."
Cette prime de quelques milliers d'euros a achevé de les convaincre : "Ça peut être sympa si on peut récupérer une petite somme parce qu'il y a quand même un manque à gagner pour nous. Cet appartement c'est un placement pour notre retraite."
"Je souhaite disposer de la maison pour les amis, la famille..."
Mais tous les propriétaires ne vont pas sauter le pas. Guillaume vit à Saint-Pierre d'Oléron. Il loue, sur Airbnb, un trois-pièces collé à sa maison : "Je resterai en location saisonnière pour l'instant." En été, il le facture 150 euros la seule nuit mais ce n'est pas qu'une question de sous : "Je souhaite disposer de la maison pour les amis, la famille, quand ils sont avec nous. Elle s'abîme moins si ça reste une location saisonnière qu'une location à l'année. Et on ne prend pas le risque de ne pas être réglé d'un loyer pendant des mois."
La communauté de communes espère tout de même convertir 150 propriétaires, pour un budget plusieurs centaines de milliers d'euros par an. La collectivité assure que c'est moins cher et plus rapide que de construire des logements sociaux.