Tour de France 2025 : avec le Français Jordan Jegat aux portes du top 10, TotalEnergies se prend à jouer le classement général
"Nous, on n’a pas forcément de pur équipier ou de pur leader, nous ne sommes que des coureurs qui allons jouer les étapes", disait Jordan Jegat au Grand Départ du Tour de France à Lille. Ironie du sort, le Breton de l’équipe TotalEnergies se retrouve aux portes du top 10 à quatre étapes de la fin de la Grande Boucle, onzième à moins de 2'30" de la dixième place occupée par Carlos Rodriguez (Ineos Grenadiers), à l'aube de la 18e étape menant au col de la Loze, jeudi 24 juillet. De quoi modifier la stratégie de l’équipe française qui se verrait bien figurer le plus haut possible au classement général.
28e pour son premier Tour de France en 2024, Jordan Jegat avait déjà laissé entrevoir des qualités intéressantes en tant qu’équipier de Steff Cras, qui pouvaient lui donner espoir de faire mieux cette année. Mais de là à se battre pour le top 10 ? "Mon objectif était de viser une victoire d’étape, mais j’avais dit à l’équipe que je voulais toujours essayer de garder contact avec les meilleurs, pour viser le top 20, le top 15 au mieux. Mais 11e, je ne m’y attendais pas", confiait-il en début de troisième semaine du Tour de France, après avoir été élu plus combatif de la deuxième. Onzième de l'étape conclue à Mûr-de-Bretagne, treizième de celle finie à Luchon-Superbagnères, huitième à Carcassonne, il reste parmi les meilleurs.
"Se dire qu’il serait aux portes du top 10 en dernière semaine, c’était le scénario le plus optimiste, qu’on ne s’interdisait pas, mais c’est quand même une belle révélation", se réjouit son directeur sportif Benoît Génauzeau, dont l’équipe est invitée sur ce Tour de France. Avec ce classement inattendu, l’objectif initial de la formation évolue donc. "Au départ, le classement général était un fil rouge, parce qu’on ne peut pas limiter nos mouvements de course pour une quinzième place, ce qui était ambitieux et réaliste. Mais là on est un peu plus près donc on va essayer de consolider voire d’améliorer son classement", poursuit-il.
Une stratégie différente pour ses coéquipiers
"Ça nous canalise un peu, reconnaît Anthony Turgis, coéquipier de Jordan Jegat. Plutôt que de faire un peu les chiens fous, d’aller sur tout ce qui bouge, pour espérer des victoires d’étape, on se concentre un peu plus sur lui, on compte nos coups de pédales pour l’emmener dans de bonnes dispositions. Nous, ça nous pousse un peu plus loin. On n’a pas réellement l’habitude de le faire ici, mais on le fait sur d’autres courses, alors pourquoi pas sur le Tour ?"
De son côté, Jordan Jegat, toujours modeste et un peu réservé, apprend son rôle de leader, lui qui travaillait encore à l’usine en 2020, à D’Aucy (conserves), chez Le Ster (gâteaux) et à la poissonnerie du supermarché, puisque le Covid avait mis son rêve de carrière cycliste entre parenthèses alors qu’il évoluait en N1, le meilleur niveau amateur. "Il y a eu beaucoup de chutes, de maladie, ça élimine beaucoup de coureurs et je n’aurais pas été 11e sans ces aléas", affirme-t-il aujourd'hui, comme s'il n'avait pas encore totalement confiance en lui.
Pourtant, le Breton de 26 ans, à la maturation plus tardive que d'autres coureurs, dit avoir gagné en confiance lors de son premier Tour de France, il y a un an. "L’année dernière, tout le monde me disait que j’allais en chier, que c’était une lessiveuse, et du coup je courais très mal, j’attaquais tout le temps, je voulais juste être dans les échappées et passer à la télé. Puis en troisième semaine, j’ai pris conscience de mon niveau, que je pouvais jouer avec de très bons coureurs. A partir de là, je me suis préparé pour le Tour suivant, je ne pensais qu’à ça tout le temps", racontait-il sur le plateau de Vélo Club à Superbagnères.
Beaucoup plus constant cette année, il reste toujours dans le coup, dans le groupe des favoris, et monte à son rythme sans jamais être largué. Avec en ligne de mire le meilleur résultat de son équipe depuis le Tour 2015, la dernière fois que l’équipe vendéenne avait terminé dans le top 10 avec Pierre Rolland (10e), sous le nom d’Europcar.