Paris-Roubaix 2025 : monumentale, Pauline Ferrand-Prévôt signe un retour sur route éclatant, en attendant le Tour de France

C'est une date qui va rester dans l'histoire du cyclisme féminin français : samedi 12 avril 2025, Pauline Ferrand-Prévôt a écrit encore un peu plus sa légende. À 33 ans, la championne olympique de VTT est devenue la première Française victorieuse de Paris-Roubaix. Un sacre venu récompenser son excellent début de saison, et que la France du vélo attendait depuis 1997, date du dernier succès tricolore sur l'Enfer du Nord, signé Frédéric Guesdon.

Pourtant habituée à marquer l'histoire, la femme aux 15 titres de championne du monde (un sur route, cinq en VTT cross-country, deux en VTT cross-country short track, un en gravel, un en cyclo-cross, trois en VTT relais mixte, et deux en VTT marathon) avait du mal à réaliser sur la ligne d'arrivée, au cœur d'un vélodrome de Roubaix euphorique. "Je suis super heureuse, c'est une de mes plus belles victoires...", avouait toutefois la Champenoise.

Un retour fracassant, et une participation surprise

Un aveu tout sauf anodin, quand on affiche un palmarès aussi pléthorique que celui de Pauline Ferrand-Prévôt, longtemps touche à tout avant de se dédier exclusivement au VTT de 2018 à 2024, dans le but d'enfin devenir championne olympique. Un rêve atteint l'été dernier, à Paris. Libérée depuis cette apothéose, la Champenoise avait immédiatement annoncé son retour sur la route, elle qui avait été championne du monde en 2014, mais aussi vainqueur d'une étape sur le Giro en 2015, et de la Flèche wallonne en 2014.

Consciente que le cyclisme féminin avait bien changé depuis qu'elle l'avait mis de côté, Pauline Ferrand-Prévôt se voulait patiente. "Je veux gagner le Tour dans les trois ans", clamait-elle à la fin de l'été. Pour cela, la Champenoise a rejoint la Visma-Lease a bike de la légende néerlandaise Marianne Vos, qu'elle avait déjà côtoyée à ses débuts. Une partenaire de luxe pour ré-apprendre le métier, ce que la Française a vite fait.

Troisième des Strade Bianche début mars, quatrième de Milan-San Remo (12e après déclassement), et deuxième du Tour des Flandres : "PFP" n'en finissait plus d'impressionner depuis le début de saison. "Je ne m'attendais pas à cela, honnêtement", a-t-elle reconnu à l'arrivée de Paris-Roubaix, qu'elle n'avait pas prévu de courir cette année. Et encore moins de gagner, même si elle n'en a jamais caché son envie en privé.

"J’étais malade les deux derniers jours, je n’étais même pas sûre de participer. Mais je voulais essayer, m'en servir pour préparer pour les premières étapes du Tour de France qui seront nerveuses. Je suis très heureuse de mon retour sur la route."

Pauline Ferrand-Prévôt

sur France 3

Après avoir rappelé que le Tour de France reste "l'objectif numéro un cette saison", Pauline Ferrand-Prévôt a confirmé qu'elle était au départ de cet Enfer du Nord pour seconder Marianne Vos, initialement : "On s'est entraîné pour la première fois sur les pavés mercredi, les filles allaient si vite, j'étais presque lâchée. Mais j'étais confiante. Après il faut un peu de chance, que tout s'aligne. Et je voulais faire de mon mieux pour aider Marianne Vos. Finalement, j'ai bien fait de prendre le départ...C'est incroyable de gagner ici."

Une première et une dernière à Roubaix ?

Ses qualités de pilotage et d'endurance héritées du VTT ont rapidement mis "PFP" en première ligne. Dans ce triomphe, Pauline Ferrand-Prévôt a également fait parler son sens tactique, en attaquant dans un des rares temps morts de la dernière heure de course. Le tout après avoir bataillé pendant vingt kilomètres, plus tôt dans la journée, pour revenir sur la tête de la course après une chute à l'entrée du secteur pavé numéro 12.

Une image qui a, l'espace d'un instant, fait craindre le pire pour celle qui s'est alignée sur l'Enfer du Nord en dépit des risques d'une chute fatale pour le Tour de France, à l'image de Tadej Pogacar dimanche, sur la course masculine. Mais le panache de la Champenoise, très attendue par le public français au départ de Denain avant la course, a payé.

"C'était mon premier Paris-Roubaix, mais peut-être le dernier...", souriait ainsi la Française à l'issue de cette longue lutte, le visage encore empoussiéré et marqué par les efforts. Le public français est en droit d'espérer que ça ne sera pas le cas. Qu'on se rassure : rien n'est jamais acquis avec Pauline Ferrand-Prévôt, aussi insaisissable sur le vélo qu'en dehors.