Affaire Bétharram : François Bayrou a-t-il décidé de se taire sur des viols dans un collège à Bergerac alors qu’il était ministre de l’Éducation nationale ?
Un nouveau scandale de violence sexuelle pour François Bayrou. Dans la continuité de l’affaire Bétharram, le Premier ministre, alors ministre de l’éducation nationale, aurait-il ignoré des recommandations de son administration et décidé de se taire suite des faits de viols dans le but de préserver la réputation du prestigieux collège public Henri IV à Bergerac ? C’est du moins ce qu’affirme le média en ligne Blast, dans une vidéo postée ce vendredi 21 février.
Tout commence en 1992, lorsqu’un père de deux enfants scolarisés au collège Henri IV de Bergerac accuse André Garric, professeur de mathématiques d’avoir exercé sur ses enfants, à plusieurs reprises, des sévices et agressions sexuelles. L’enseignant, figure respectée de l’établissement et notable de Bergerac, les violait, d’après les déclarations des deux enfants, depuis leur enfance.
Des faits minimisés par l’établissement
Au sein de l’établissement, l’omerta règne. La famille est moquée et stigmatisée, impuissante face à l’indifférence de l’Éducation nationale. L’administration suggère à l’époque comme seule solution envisageable une mutation du professeur, dans le but de rassurer les parents.
Mais le père des enfants insatisfait de cette réponse, dépose plainte avec constitution de partie civile, devant le tribunal de Bergerac. Blast révèle aujourd’hui que cette plainte lui vaudra une mutation disciplinaire : lui-même fonctionnaire de l’éducation nationale.
En 1993, André Garric a été condamné par la cour d’assises de Dordogne. D’abord à six ans de prison pour « attentats à la pudeur », une première condamnation jugée insuffisante par la famille des victimes, puis à 12 ans de réclusion criminelle en 1995, cette fois-ci pour viols.
En 1994, Frédéric Vidal, une des deux victimes, pointait du doigt la responsabilité de la société entière. Alors âgé de 15 ans, il confiait à l’Express : « Ceux qui défendent mon agresseur ne sont pas malades. Ceux-là voudraient bien nous voir partir de la ville comme des coupables. Ils nous reprochent d’avoir mis un brave homme en prison. Pourtant, ce n’est pas lui, la victime. C’est ma sœur, c’est moi, non ? ».
Le silence de François Bayrou
Toujours ministre de l’Éducation nationale, François Bayrou reçoit en janvier 1994 un rapport de l’inspection générale, accompagné d’une note à son attention. « En cas d’abus sexuel commis par un enseignant, l’incrédulité initiale de ses collègues, du chef d’établissement et de l’ensemble de la hiérarchie, puis les lenteurs dans la saisine de justice ou les hésitations à entamer une procédure disciplinaire laissent dans l’opinion la déplorable impression d’un milieu éducatif plus solidaire du coupable ou plus soucieux de l’image d’un établissement que du traumatisme des victimes ».
Les auteurs du rapport avaient ainsi invité le ministre à mettre en place une réforme et publier une circulaire pour mettre fin aux affaires étouffées, évoquant « un soutien moral indispensable ». Selon Blast, ce projet de circulaire n’a jamais vu le jour, et les recommandations sont restées lettres mortes.
« L’omerta française », un best-seller sorti en 1999, signé par la journaliste du Point Sophie Coignard et le directeur éditorial d’Albin Michel, Alexandre Wickham, refait surface dans l’enquête publiée par Blast. Écoulé à des dizaines de milliers d’exemplaires, on y trouve des phrases attribuées à François Bayrou, notamment lors d’un échange entre le ministre et son conseiller au cours duquel ce dernier lui demande de faire attention « avec ces affaires de pédophilie », lui intimant qu’il « faut faire quelque chose ».
« Je ne vois vraiment pas l’intérêt de salir l’éducation nationale, aurait répondu François Bayrou. Et puis tu imagines la réaction des syndicats ? Non je t’assure, il y a des moments où il faut savoir se taire ». Des propos qui n’auraient pas été contestés à la sortie du livre, et qui, à l’heure du scandale de Bétharram, fragilisent un peu plus le Premier ministre.
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