REPORTAGE. Motos, drones et sanctions contre les parents... Face aux rodéos urbains, ces villes de l'Oise tentent de prendre de vitesse les délinquants
Adieu le petit utilitaire ou la fourgonnette habituelle des polices municipales : ici, on traque les rodéos avec des motos. Comment limiter voire stopper les rodéos urbains ? Comme de nombreuses communes confrontées à ce phénomène, la ville de Compiègne, dans l'Oise, a décidé de prendre au sérieux ce problème. Des équipes de la police municipale sont à la recherche de ces motocross qui polluent le quotidien des habitants. Pour cela, la mairie s'est équipée d'un matériel adapté pour rivaliser avec ces deux-roues : des motos.
Grâce à elles, la police municipale patrouille donc partout dans les squares, les parkings et les ruelles d'un quartier sensible. Le secteur est calme aujourd'hui. Cela s'explique, selon le brigadier-chef Viguet-Carrin, par le fait que les pratiquants de rodéos sauvages se font discrets lorsque les motards de la police municipale sont de sortie : "Quand ils voient les motos, ça va nettement moins au contact et ça provoque nettement moins que lorsque l'on est en voiture. Ils savent que l'on va plus facilement les suivre et plus facilement repérer où ils sont." Dans ce jeu du "chat et de la souris" décrit par le brigadier-chef, les policiers municipaux voient la loi leur interdire d'engager une course-poursuite. Ils peuvent tout de même prendre en filature les cross ou les quads pour remonter jusqu'à leur lieu de stockage.
"Remonter la piste" pour remporter le combat contre les rodéos sauvages
Obtenir des informations, "remonter la piste"... C’est le nerf de la guerre dans ce combat contre les rodéos sauvages. Dans cette optique, la mairie de Compiègne a lancé un dispositif qui fonctionne très bien : une simple adresse e-mail spéciale "stop rodéo". Le brigadier-chef Viguet-Carrin explique son fonctionnement : "C'est une boîte mail où l'anonymat est préservé. Les gens nous contactent et nous donnent des informations sur les lieux de stockage. Ça va aussi être aussi par exemple sur une plage horaire où les rodéos urbains vont avoir tendance à se produire."
Lorsque les engins sont saisis, ils finissent le plus souvent à la casse. Et la mairie entend bien le faire savoir au plus grand nombre, comme le montre une vidéo du maire Compiègne publiée sur les réseaux sociaux il y a un an, dans laquelle il se félicite des informations reçues sur cette adresse mail. Créée cinq ans auparavant, elle a permis de saisir une cinquantaine de motos et de quads.
Philippe Marini, le maire LR de Compiègne, le reconnaît : les mesures qu'il a prises fonctionnent, mais "les résultats ne sont pas suffisants, ils pourraient être meilleurs". Alors, pour passer à la vitesse supérieure, il aimerait doter sa police municipale de paintball afin de marquer avec de la peinture indélébile les auteurs des rodéos urbains, en vue de les interpeller par la suite.
Des drones en attente et des sanctions radicales
Récemment, il a également doté sa police municipale de drones qui devront attendre avant de pouvoir être manipulés. De quoi faire râler l'élu alors que le temps presse et que l'inquiétude monte chez certains habitants, avant les beaux jours : "On ne peut pas les utiliser ! Ce que je ne trouve absolument pas normal. Là, c'est Kafka ! Le Conseil constitutionnel lui-même, les sages de la rue Montpensier ont pris une décision qui exclue l'usage de drones par les polices municipales. Et je dis : monsieur le Ministre, faites confiance aux polices municipales."
"Cela fait plusieurs mois que je le dis au cabinet de Monsieur Retailleau et au ministre lui-même. Malheureusement, je ne vois rien venir et je commence à être très impatient".
Philippe Marini, maire de Compiègneà franceinfo
À une trentaine de kilomètres de Compiègne, toujours dans l'Oise, un autre maire se mobilise contre les rodéos sauvages et propose une mesure radicale. A Pont-Sainte-Maxence, plusieurs mineurs ont été mis en cause il y a quelques semaines dans un rodéo urbain devant une école. Le maire Arnaud Dumontier raconte : "Par conséquent, comme je suis aussi président de l'OPAC de l'Oise (Office d'Habitations à Bon Marché), qui est le premier bailleur de l'ancienne Picardie avec 30 000 logements, j'ai demandé à mes services, s'il y avait une condamnation de justice - ce qui est un préalable nécessaire - d'engager une procédure d'exclusion à l'encontre des parents."
Expulsion des logements sociaux et dépôt de plainte systématique en cas de rodéo urbain. Une mesure, nous dit le maire, largement plébiscitée par ses administrés.