Le Procès Pétain. Vichy face à ses juges, de Julian Jackson: l’heure du jugement
François Mauriac disait dès 1945 à propos du jugement du maréchal Pétain: «Un procès comme celui-là n’est jamais clos et ne finira jamais d’être plaidé.» L’avenir a montré qu’il n’avait, hélas, pas tort. Ainsi l’historien Julian Jackson, biographe connu du général De Gaulle, a-t-il eu la bonne idée de reprendre l’étude de ce procès au fond méconnu, ou plutôt oublié. Ce n’est pas nécessairement pour combattre l’inévitable anachronisme de notre époque (car, au fond, en histoire, aucune époque n’a une vérité supérieure à celle des autres) mais pour mieux saisir l’esprit d’un temps révolu.
Le livre commence bien. Il brosse un portrait saisissant de cette France de l’hiver 1944-1945, loin des images d’Épinal. Passée l’euphorie d’août 1944, les Français ont froid et faim. L’arrivée de Pétain, en avril 1945, après un périple digne du retour de Varennes, le menant de Sigmaringen à Paris en passant par la Suisse, ne fait pas les affaires du général de Gaulle. «Quel emmerdeur! Il va continuer à nous…