La pollution aux microplastiques bien plus élevée dans les bouteilles en verre que celles en plastique

La pollution se cache parfois là où on ne l’attend pas. Alors que la présence de plastique dans l’eau en bouteilles était déjà connue, une nouvelle étude, diffusée ce vendredi 20 juin par l’Anses, révèle que les boissons commercialisées dans des bouteilles en verre contiennent davantage de microplastiques.

Une centaine de particules de microplastiques par litre en moyenne a été repérée dans les bouteilles en verre de colas, limonades, thés glacés ou bières. Des niveaux de contamination cinq à cinquante fois supérieurs à ceux des bouteilles en plastique ou des canettes.

« Nous nous attendions à un résultat inverse »

Ces recherches fondamentales ont été menées dans le cadre d’une thèse co-financée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail et la région Hauts-de-France. La revue spécialisée Journal of Food Composition and analysis a publié ces travaux, le 19 mai 2024.

L’objectif pour les scientifiques était de « rechercher la quantité de microplastique dans différents types de boissons vendues en France et de regarder l’impact que peuvent avoir les différents contenants » sur cette teneur en microplastiques, précise à l’Agence France Presse Guillaume Duflos, directeur de recherche à l’Anses. « C’est la première fois qu’il y a ce type de travaux en France », souligne-t-il.

Et on peut dire que les résultats ont été pour le moins surprenants. « Nous nous attendions à un résultat inverse », explique à l’AFP la doctorante Iseline Chaïb, qui a mené ces travaux au sein du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Des particules libérées par la peinture des capsules métalliques

Pour expliquer ce phénomène, l’hypothèse sur laquelle les scientifiques se penchent actuellement est celle selon laquelle ces particules de plastiques viendraient des peintures des capsules métalliques, et plus précisément de la peinture les recouvrant.

La chercheuse Iseline Chaïb explique avoir remarqué que « dans le verre, les particules qui ressortaient des échantillons étaient de la même forme, de la même couleur et de la même composition polymérique, donc du même plastique, que la peinture extérieure des capsules qui ferment ces bouteilles en verre ».

En outre, la peinture des capsules « comporte des mini-éraflures, invisibles à l’œil nu, probablement dues aux frottements entre les capsules lorsqu’elles sont stockées avant leur utilisation », poursuit la chercheuse. Ces frottements, libérant des particules à la surface des capsules, seraient à l’origine des microplastiques retrouvés.

Une trentaine de particules dans les bouteilles de colas

Dans le détail, les résultats varient considérablement. Les bouteilles de colas contenaient une trentaine de particules de microplastiques, les limonades une quarantaine, et les bières environ 80. En revanche, concernant l’eau – minérale ou naturelle – la quantité de microplastiques s’est avérée « relativement faible quel que soit son contenant, avec en moyenne 4,5 particules par litre dans les bouteilles en verre et 1,6 particule dans les bouteilles en plastique ou les briques », détaille l’Anses.

Le vin contenait également peu de microplastiques, y compris dans les bouteilles en verre avec bouchon, une variabilité dont l’origine « reste à explorer, sauf pour celles qui sont contenues dans des bouteilles en verre capsulées », indique Guillaume Duflos, directeur de recherche à l’Anses.

Si l’Anses tient à rappeler qu’il n’est pas possible de dire si les quantités de microplastiques trouvées présentent ou non un risque pour la santé en l’absence de données toxicologiques de référence, l’agence sanitaire affirme toutefois que les industriels ont la possibilité d’agir.

Pour faire diminuer le nombre de particules de microplastiques par litre due aux capsules, l’Anses explique que les industriels peuvent facilement prendre des mesures. Ainsi, un nettoyage artisanal a été testé avec succès : un soufflage d’air, puis rinçage avec de l’eau filtrée et de l’alcool, l’a fait diminuer de 60 %.

De plus, modifier les conditions de stockage des capsules « avant leur utilisation pour éviter les frottements » ou encore changer la composition des peintures des capsules pourrait également diminuer le niveau de contamination des boissons par les microplastiques.

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