Haïti : comment 529 détenus se sont évadés après une attaque de gangs contre une prison

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté, vendredi 28 mars, sur les violations des droits humains en Haïti. Il a précisé que les gangs gagnaient du terrain dans la capitale, Port-au-Prince, et sa périphérie, et s’étaient emparés d’infrastructures vitales.

Deux jours plus tard, une attaque a été menée contre le commissariat de la ville de Mirebalais et sa prison, dans la nuit de dimanche à lundi. Cet épisode a entraîné l’évasion de 529 détenus, a précisé à l’AFP le représentant du gouvernement dans cette région, Frédérique Occean.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné l’attaque de Mirebalais, selon son porte-parole Stéphane Dujarric. Il a appelé les autorités locales et la communauté internationale à « redoubler d’efforts » pour rétablir l’ordre dans le pays, notamment en fournissant à la force multinationale déployée sur place les équipements et les effectifs nécessaires.

Des milliers d’habitants se sont réfugiés dans les communes voisines

« Les policiers, en sous-effectifs, ont fui le commissariat. Les assaillants ont pu libérer les prisonniers et ont provoqué des dégâts dans la ville avant l’arrivée des renforts », a déclaré le représentant du gouvernement dans cette région, Frédérique Occean, évoquant « des morts et des blessés au sein de la population locale ».

Des milliers de riverains de cette ville de quelque 100 000 habitants se sont réfugiés dans les communes voisines, a-t-il ajouté. « Ils ont pris le contrôle du lycée public de la zone. La situation est très compliquée. Nous risquons de perdre le contrôle de la ville », située à une cinquantaine de kilomètres de Port-au-Prince, a-t-il également affirmé

Le président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, a reconnu lundi que le pays était en « situation de guerre », lors de la relocalisation du Tribunal de première instance en dehors de la capitale Port-au-Prince, pour cause d’insécurité.

1 000 policiers de six pays différents mobilisés

Le pays a connu un regain de violence depuis mi-février, avec des attaques de gangs contre la population. En dépit de la présence de la force multinationale de sécurité (MMAS), la situation ne cesse de se détériorer. Cette force, menée par le Kenya et soutenue par l’ONU, a commencé à se déployer l’été dernier et compte désormais un peu plus de 1 000 policiers de six pays différents, bien loin des 2 500 attendus.

Au total, au moins 5 601 personnes ont été tuées l’an dernier en Haïti par la violence des gangs, qui contrôlent environ 85 % de la capitale, selon les Nations unies. Depuis des dizaines d’années, Haïti pâtit d’une instabilité politique chronique et d’une crise sécuritaire liée à la présence de gangs armés accusés de meurtres, d’enlèvements et de violences sexuelles à grande échelle.

Un rapport de l’ONG de défense des droits humains Amnesty International, publié mi-février intitulé « Je ne suis qu’une enfant, pourquoi cela m’est-il arrivé ? ». Haïti : l’offensive des gangs contre l’enfance, dénonçait le « recrutement, (les) attaques et (les) violences sexuelles ».

L’étude s’appuie sur des recherches effectuées entre mai et octobre 2024. Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International s’est alors insurgée contre « la vie de bien trop nombreux enfants détruite en Haïti » et le fait que « ces enfants n’ont personne vers qui se tourner pour obtenir protection ou justice ».

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