Guerre à Gaza : l'offensive israélienne pour "prendre la contrôle" de la ville de Gaza est une "catastrophe absolue", affirme une spécialiste du Moyen-Orient
"Ajouter cette offensive terrestre sur ce qui reste de la bande de Gaza est une catastrophe absolue au-delà de tout ce que l'on peut dire", affirme, vendredi 8 août, sur France Inter, Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO). Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un plan présenté par Benyamin Nétanyahou pour "vaincre" le Hamas et "prendre le contrôle" de la ville de Gaza. "Ça me paraît clair que Benyamin Nétanyahou a un agenda avant tout politique et on le voit d'ailleurs depuis le début de la guerre menée à Gaza", souligne Agnès Levallois.
"Israël contrôle 75 % de cette bande de Gaza et les plus de deux millions de Palestiniens qui y habitent sont parqués aujourd'hui dans quelques zones", rappelle cette spécialiste du Moyen-Orient. "Avec cette opération qui se prépare, ça va être un million de personnes qui vont devoir partir pour aller où ?" s'interroge Agnès Levallois. "Sur un territoire complètement dévasté, détruit, donc, selon moi, cette annonce est absolument ahurissante en termes de conséquences sur une population déjà complètement anéantie", poursuit-elle. Cette opération "peut durer des mois", selon elle, alors que "cela fait 22 mois que l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza, sans avoir obtenu les objectifs recherchés, dans un rapport de force militaire incomparable entre Israël et le Hamas".
Israël souhaite mettre en place "une administration civile" sans l'Autorité palestinienne
Benyamin Nétanyahou "entend reprendre la main en montrant que, de toute façon, c'est lui seul qui décidera du sort de Gaza", affirme Agnès Levallois. D'après elle, le Premier ministre israélien réagit ainsi aux "pressions qui s'exercent sur la reconnaissance de l'État palestinien", "parce qu'il n'a pas tellement d'autres moyens", mais aussi aux pressions qui s'exercent "sur la scène intérieure" israélienne, notamment par les partis d'extrême droite.
Dans le plan validé par le cabinet de sécurité israélien, il est mentionné "l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne". Benyamin Nétanyahou "a tout à fait tort de considérer que l'Autorité palestinienne ne peut pas avoir un rôle", affirme Frédéric Encel, docteur en géopolitique, enseignant à Science-Po, également invité de France Inter. "C'est la seule entité politique au monde à disposer d'un droit, y compris du droit international, à pouvoir revenir dans la bande de Gaza et, pour le coup, exercer un véritable contrôle, y compris politique, sur ce territoire", poursuit-il.