L'arrivée de Shein au BHV Rivoli à Paris est imminente, prévue mercredi 5 novembre. Mais cette alliance commerciale avec SGM - foncière commerciale qui exploite le BHV et sept Galeries Lafayette - continue de faire des remous. Il y a deux semaines, la Banque des territoires, entité de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), s'est retirée des négociations entamées en juin avec la SGM pour l'aider à racheter les murs du BHV, invoquant "une rupture de confiance".
Plus d'une dizaine de marques se sont aussi retirées du grand magasin, lassées par les défauts de paiement de la part du BHV envers ses fournisseurs. Dernier coup dur : le géant Disney a finalement renoncé à son partenariat de Noël.
Devant le BHV Rivoli, cette habituée du magasin paraît dépitée. Encore une fois, elle sort bredouille : "Je n'ai pas trouvé mon bonheur donc je ne prends pas. Il n'y a pas ce qu'il faut !" Depuis plusieurs semaines, elle constate que les étages de l'établissement se vident : "On voit bien que ça part, ça part !"
"Quand les gens nous demandent si ça va fermer, qu'est-ce qu'on répond ?"
Les stratégies pour cacher les départs des marques comme APC, Maison Lejaby ou AIME ne fonctionnent pas, malgré les efforts demandés aux employés démunis face à la situation : "Soyez souriantes, accueillantes, faîtes du mieux..., raconte une employée. Mais le souci, c'est quand les gens nous demandent si ça va fermer, qu'est-ce qu'on répond ? On ne sait pas... Alors, on dit qu'on est un peu en restructuration. On essaye de camoufler. Mais camoufler avec très peu de produits, c'est difficile."
Devant l'entrée du personnel, les salariés se réunissent, tract de l'intersyndical en mains. Ils sont nombreux à s'interroger sur leur avenir, après plus de 20, voir 30 ans de travail au BHV : "Plusieurs collègues et moi pensons la même chose, on veut voir jusqu'où ça va aller."
"S'il n'y a pas de mouvement, effectivement je pense que le magasin sera totalement rayé."
Une employée du BHVà franceinfo
D'autant que le partenariat de fin d'année avec Dinsey devait rapporter gros et donc renflouer un peu les caisses, souligne Stéphane Vincent, membre de la CFTC et de l'intersyndical : "Ça devait apporter dans les 3 millions d'euros avec un objectif autour d'un million de bénéfices. C'est Disney, ça représente Noël donc ça aurait pu apporter beaucoup de gens. Il y avait des vitrines, donc tout le côté un peu festif autour. Le fait de partir, ça va être un gros manque pour le magasin."
Les vitrines de Noël devaient être inaugurées la semaine prochaine. Personne ne sait encore qui va remplacer Disney. Impossible pour les salariés de retrouver un partenariat de même qualité d'ici là. Contactée, la direction du BHV n'a pas répondu à nos sollicitations.