Gaza : depuis la suspension de l'aide humanitaire par Israël, les prix des denrées alimentaires ont plus que doublé

Cinq jours après la suspension de la livraison d’aide humanitaire à Gaza, les prix des denrées de base sont en forte augmentation. Israël estime que cette aide sert à enrichir le Hamas. L’organisation islamiste dénonce "un crime de guerre et une violation flagrante de l’accord de trêve".

Alors que le mois sacré de ramadan est en temps normal un mois de fête et l’occasion de rompre tous les soirs, ensemble, le jeûne, beaucoup d’habitants se nourrissent de boîtes de conserve et font appel à des associations d’entraide. Reportage à distance à Gaza, les journalistes étrangers n’étant toujours pas autorisés par Israël et par l’Egypte à entrer dans l’enclave.

Il n'y a pas que l'aide humanitaire gratuite qui est bloquée à Gaza, tous les camions de livraison du secteur privé ne peuvent plus rentrer dans l'enclave et mécaniquement, les prix explosent. "Dès qu'ils ont annoncé la fermeture des points de passage, les tarifs ont doublé. Mais peu importe ce qu'il se passe, on est ici et on restera ici." Alors Hissam achète le minimum, il raconte que le sucre coûte désormais trois euros le kilo, c'était moitié moins samedi. Même phénomène pour les tomates, cinq euros contre deux la semaine dernière.

"Chaque commerçant fait ce qu'il veut"

"Les commerçants ont augmenté les prix de façon un peu difficile. Ils ont fait ça exprès." Pour Samira, jointe par WhatsApp, ce n'est pas le manque de nourriture qui fait monter les prix, mais la spéculation de commerçants qui retirent volontairement des produits des étals, en espérant les vendre plus tard, plus cher. "Ils ont caché le sucre et de l'huile. Au ramadan on utilise beaucoup ces produits-là parce qu'on fait des gâteaux, raconte-t-elle. Pourquoi les commerçants ont-ils fait ça ? Parce qu'on n'a pas un gouvernement ici, il n'y a pas de police ou des gens qui dirigent la situation. Chaque commerçant fait ce qu'il veut. Les gens achètent parce qu'ils ont peur que cette fermeture des passages reste longtemps. 

"On se dit qu'on achète maintenant, c'est mieux que d'acheter dans un mois, où les prix auront augmenté. On ne comprend pas pourquoi ils font ça."

Samira, habitante de Gaza

à franceinfo

Samira assure que pour le moment les stocks de denrées sont suffisants pour nourrir la population, mais pas assez pour provoquer "une épidémie d'obésité", comme le soutient le gouvernement israélien.