Un court texte sur fond noir, publié sur Instagram. C’est avec sobriété que l’influenceur Nasdas s’est adressé à ses abonnés ce dimanche matin pour annoncer qu’il quittait les réseaux sociaux. «Il est temps pour moi de me retirer des réseaux et de recentrer mes priorités sur l’essentiel : ma famille et ma vie personnelle », justifie Nasser Sari de son vrai nom, qui se dit millionnaire grâce à ses vidéos quotidiennes diffusées sur Twitch et Snapchat.
Le deuxième Français le plus populaire sur l’application au petit fantôme, où il est suivi par plus de 9 millions de personnes, a également remercié ses abonnés pour leur fidélité : « J’ai tout donné pour celles et ceux qui étaient à mes côtés, et pour vous offrir, chaque soir, votre dose de divertissement. Merci du fond du cœur à ma team que j’aime fort, d’avoir partagé cette belle aventure avec moi. Vous nous avez vus grandir, évoluer, devenir parents pour certain(e) s… On a partagé avec vous des morceaux de nos vies les plus intimes », écrit-il. Et de conclure : «Ce n’est qu’un au revoir.»
À l’opposé des fans qui ont remercié Nasdas pour son contenu, de nombreux internautes ne cachent pas leur satisfaction de le voir se retirer des réseaux sociaux. «Ça va faire du bien à notre nouvelle génération», peut-on lire par exemple sous la publication Instagram, qui engrange plus de 2 700 commentaires.
«Robin des bois digital»
Si l’annonce fait réagir, c’est que l’influenceur, qui s’est fait connaître en racontant la vie de son quartier défavorisé de Saint-Jacques à Perpignan cumule les polémiques. Son fonds de commerce : des mises en scène aux allures de téléréalité, dans lesquelles le «snapchateur» catalan se filme apportant son soutien à des personnes vulnérables, tels que des sans-abri ou des jeunes en situation d’obésité morbide.
Parfois qualifié de «Robin des bois digital» en raison du soutien financier qu’il se targue d’apporter aux habitants du quartier Saint-Jacques, il est aussi accusé d’exploiter la fragilité de ces personnes. «C’est l’être vivant le plus moche que j’ai jamais vu sur la planète Terre, wallah j’ai déjà vu des arbres plus beaux», a-t-il par exemple lancé à Assya, une protagoniste récurrente de ses vidéos, dont le physique est régulièrement moqué. Aux critiques sur la violence de son contenu, s’ajoutent des partenariats controversés avec des marques, telles que Travel Advantage ou Laymoon, accusées d’être frauduleuses.
Ce mardi 10 juin, Nasdas doit être entendu à l’Assemblée Nationale dans le cadre d’une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok. Son nom est en effet revenu en tête des signalements de 32.000 personnes, appelées à désigner les influenceurs jugés «choquants» lors d’une grande consultation citoyenne en amont de la commission d’enquête, aux côtés d’autres créateurs comme AD Laurent ou Alex Hitchens. En mai dernier, le président de la commission d’enquête Arthur Delaporte, expliquait à BFMTV avoir convoqué Nasdas «pour comprendre son rapport aux plus jeunes, et interroger plus largement le modèle économique de mise en valeur de quelque chose qui peut avoir des côtés perturbants ou gênants.»
Deux jours après la décision de l’influenceur de se retirer des réseaux sociaux, certains internautes spéculent déjà sur son retour. Et pour cause, Nasdas maintient le doute dans une vidéo publiée le même jour sur Snapchat : « Peut-être je reviendrai, peut-être je ne reviendrai pas », tergiverse-t-il. Il y a un an, l’homme de 29 ans avait déjà fait une annonce similaire, évoquant là aussi des motivations personnelles, avant de revenir sur les réseaux sociaux en octobre 2024.