REPORTAGE. "Ils ne le laissaient même pas parler !" : des réfugiés ukrainiens en France abasourdis par l'échange entre Trump et Zelensky

La relation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky pourra-t-elle survivre à leur spectaculaire altercation publique vendredi 28 février dans le Bureau ovale ? C'est la question au lendemain de l'échange extrêmement tendu entre les présidents américain et ukrainien à la Maison Blanche qui a fait halluciner la communauté internationale. La séquence, face caméras, largement diffusée a également été scrutée par les Ukrainiens réfugiés en France. Ils se montrent inquiets pour l'avenir, partagés entre colère et fierté.

Trump "pas très net"

Dans un restaurant ukrainien du 19e arrondissement de la capitale vendredi soir, à table, l'empoignade entre Trump et Zelensky est au cœur des discussions. Julia, la gérante, hallucine: "ils ne le laissaient même pas parler !", s'indigne-t-elle, "en gros ils lui disent 'tais-toi'".

"Même s'il y a des réponses ou des questions qui ne lui convenaient pas, il n'a pas le droit de se comporter comme ça."

Julia, une ukrainienne

à franceinfo

Julia, seulement à moitié surprise par ce fiasco. "On savait plus ou moins, nous, le peuple ukrainien, que ça allait se passer comme ça. Depuis que Trump a été élu, on savait que des choses allaient se produire très rapidement et on le surveillait. Un jour Trump dit une chose, un autre jour il dit une chose différente, on a bien vu que le garçon n'était pas très net déjà à la base".

"Ça m'inquiète énormément"

À ses côtés, Maria, jeune étudiante arrivée en France il y a trois ans salue surtout l'attitude du chef d'État ukrainien. "Le président Zelensky s'est tenu comme un vrai chef d'Etat quand même", tranche-t-elle. Si les relations sont pour le moins refroidies désormais entre Zelensky et Trump, l'étudiante ne croit pas pour autant à la fin de l'aide américaine. "Il y aura quand même des relations. Les Etats-Unis sont un acteur très important de la géopolitique, mais les relations vont être très tendues", analyse-t-elle.

La jeune femme reste inquiète pour l'avenir de son pays les prochaines semaines et surtout pour ses proches, toujours en Ukraine. "J'ai deux grands frères qui sont en dans l'armée actuellement, ainsi que mon père et des anciens camarades de classe toujours en Ukraine donc ça me touche personnellement et ça m'inquiète énormément." Face à elle, sa maman l'écoute, téléphone dans les mains, avec en fond d'écran une photo des deux frères de Maria. Ils viennent d'être envoyés sur la ligne de front dans l'est de l'Ukraine.