Ukraine :"Il faut faire comprendre à Vladimir Poutine qu'il n'a pas gagné cette guerre", estime le général Jérôme Pellistrandi

"Tout d'abord, il faut comprendre la réalité militaire sur le terrain", explique, mardi 18 février, le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, au lendemain de la réunion les dirigeants de pays européens, réunis en urgence, à Paris, pour évoquer la situation ukrainienne. Selon ce spécialiste, contrairement à ce qu'affirme Vladimir Poutine, l'Ukraine n'a pas perdu la guerre. Bien qu'elle soit en position défensive et ait perdu environ 18 à 20% de son territoire, "l'opération spéciale de Valdimir Poutine est globalement un échec au bout de trois ans, selon Jérôme Pellistrandi. Cela signifie qu'il est impossible d'imposer une capitulation à l'Ukraine. "Il faut faire comprendre à Vladimir Poutine qu'il n'a pas gagné cette guerre", précise-t-il.  

La question des "garanties de sécurité" est également au cœur des discussions. Sur la question de l'éventuelle implication de troupes britanniques ou françaises en Ukraine, Jérôme Pellistrandi n'exclut rien. Selon lui, ce qui importe, ce ne sont pas les garanties de sécurité pour la Russie, mais pour l'Ukraine et pour l'Europe. "Ce qui compte, c'est un dispositif militaire suffisamment crédible pour faire comprendre à Vladimir Poutine qu'il doit arrêter". Ce dispositif vise à empêcher la Russie de continuer à menacer l'Ukraine et d'autres pays de la région comme les États baltes ou la Moldavie. 

Le terme "dispositif militaire suffisamment crédible" évoque un engagement militaire substantiel. Jérôme Pellistrandi estime que cela pourrait signifier l'envoi de "50 000 à 80 000 hommes" pour constituer une force dissuasive. "Cela doit être suffisant pour que Vladimir Poutine ne se sente pas tenté de reprendre la guerre dans un, deux ou trois ans". Un cessez-le-feu permettrait à la Russie de reconstituer son armée, une menace qui reste bien réelle. 

Un changement de période

En ce qui concerne le nombre de soldats nécessaires sur le terrain, le général Jérôme Pellistrandi mentionne également les besoins ukrainiens, qui pourraient être de 200 000 hommes, en fonction des garanties de sécurité envisagées. Mais la question de la nationalité de ces soldats est tout aussi cruciale. Selon lui, les Américains doivent jouer un rôle majeu dans ce dispositif. "Les Américains doivent être à nos côtés pour le renseignement, la logistique", souligne-t-il, en rappelant que la sécurité de l'Europe est indissociable de celle des États-Unis. 

L'Europe est divisée sur la question de l'envoi des troupes. Le chancelier allemand Olaf Scholz, par exemple, a jugé "prématurée" l'idée d'envoyer des soldats au sol en Ukraine. Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, souligne que la question reste sensible pour Berlin, malgré un soutien substantiel à l'Ukraine. Cependant, il rapppelle qu'avec les récents événements, "nous changeons de paradigme". Selon lui, la confiance au sein de l'Alliance atlantiaque a été rompue, notamment après le discours du vice-président des États-Unis à Munich. Il faut être conscient "qu'on change complètement de période, ce qu'on a connu depuis la fin de la guerre froide est totalement révolu aujourd'hui".