Roland-Garros 2025 : la surprise Boisson, le show Monfils, la déception Gracheva, trois adieux émouvants... Le bilan de la première semaine des Français

Dimanche 1er juin s'est fermée la première partie de Roland-Garros, et l'heure de dresser le premier bilan pour les Français. Ils étaient 36 engagés au départ, et une seule aura survécu aux trois premiers tours : Lois Boisson. Ils étaient tout de même quatre au troisième tour (Fils, Halys, Jacquemot, Boisson), le meilleur résultat depuis 2022 (cinq). Parmi ces 36 Tricolores, les fortunes ont été diverses, entre réussites, déceptions, blessures ou adieux. 

La sensation : Lois Boisson se fait un nom

Le grand public a sans doute découvert son nom lors de cette première semaine. Lois Boisson, 361e mondiale, est la dernière représentante du contingent français, hommes et femmes confondus. Elle qui n'avait jamais passé un tour porte d'Auteuil (trois échecs en qualifications), en a passé trois d'un coup, et peut-être plus si elle réalise un authentique exploit face à la n°3 mondiale, Jessica Pegula, lundi. "On a longtemps été habitués à avoir des bonnes surprises avec l'énergie et le public de Roland-Garros. Ça faisait quelques années qu'on en avait peut-être un petit peu moins, donc c'est quand même une grosse performance, c'est assez canon", relève Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport.

Déjà programmée l'an passé pour être la révélation attendue, Lois Boisson s'était blessée juste avant Roland-Garros. Elle n'a cette fois pas manqué l'occasion, et a pris date pour l'avenir, elle qui a seulement 22 ans.

Les satisfactions : Monfils, Fils, Halys et Jacquemot se montrent

Aucun des quatre n'aura passé le troisième tour, mais leur tournoi reste paradoxalement réussi. Gael Monfils, malgré ses 38 ans, aura - encore - passé un tour, et presque deux, faisant à chaque fois un show que lui seul est capable de proposer. La direction du tournoi, qui l'avait programmé deux fois en night session, ne s'y est pas trompée. "Gael, c'est plus le match qu'il perd que celui qu'il gagne qui m'impressionne : sa capacité, à son âge, à enchaîner deux matchs à très haute intensité. Il n'est pas fait du même bois. C'est incroyable, physiquement, ce qu'il peut dégager", admire Arnaud Clément.

Quentin Halys et Elsa Jacquemot n'avaient, eux, jamais atteint le troisième tour. Le premier, qui n'avait pas fait mieux qu'un deuxième tour en 10 participations, est même passé à deux points de s'offrir un Top 10 (Holger Rune) et donc un premier huitième. "C'est un joueur qui a trouvé son système de jeu, quelle que soit la surface, qui joue avec ses qualités, qui a de l'expérience et qui sait comment faire pour optimiser son jeu", analyse notre consultant. Pour Elsa Jacquemot, le constat est similaire. A 22 ans, la 138e mondiale a fait honneur à son invitation en écartant notamment Maria Sakkari, ancienne demi-finaliste en 2021, avant de céder de justesse face à Lois Boisson.

Pour Arthur Fils, le bilan est plus contrasté mais globalement rempli. Malgré son forfait avant le troisième tour, le n°1 mondial a gagné ses deux premiers matchs porte d'Auteuil, dont un deuxième tour au courage. "Il a un statut différent aujourd'hui, il était favori, il n'avait quasiment pas le droit de perdre contre Munar, un joueur solide, mais il a réussi à trouver des solutions. Avant le tournoi, on était en droit d'espérer, mais si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave car c'est un joueur qui est en progression", rappelle Arnaud Clément.

"Pour Fils, je serais surpris qu'il n'aille pas chercher un quart, une demie à Roland-Garros ou sur un autre Grand Chelem dans les deux ans qui viennent."

Arnaud Clément, consultant tennis

à franceinfo: sport

Les déceptions : Gracheva se rate, Mpetshi Perricard impuissant

Au rang des déceptions, Varvara Gracheva a été stoppée dès son premier match par Sofia Kenin. Présente en huitièmes de finale l'an passé, la n°1 française, classée 72e mondiale, n'a pas su emmener le contingent tricolore dans son sillage. "Elle aurait pu, bien sûr, mais on n’est quand même pas très protégés, au niveau des tableaux, on savait qu'on n'allait pas jouer les premiers rôles. C'est le constat qu'on peut faire du tennis féminin en France : on est dans une mauvaise période et on n'a pas un vivier comme chez les garçons", rappelle Arnaud Clément.

Dans le tableau masculin, Ugo Humbert a dû abandonner sur blessure, mais dans l'ensemble "la logique a été plutôt respectée", selon notre consultant. Giovanni Mpetshi Perricard, dont le jeu peine à s'exprimer sur terre, s'est, lui, incliné au deuxième tour face à un Damir Dzumhur diminué. "On espérait un tour ou deux de plus pour Giovanni, mais son deuxième match était serré. Ce n'est que partie remise sur les surfaces un peu plus rapides. A Wimbledon ou l'US Open, on peut aller chercher des beaux résultats, peut-être un petit peu plus qu'à Roland-Garros, par rapport au système de jeu des joueurs français", estime Arnaud Clément.

Les adieux : des sorties heureuses pour Gasquet, Garcia et Mahut 

Enfin, trois Français ont fait leurs adieux à Roland-Garros. Chez les femmes, Caroline Garcia avait surpris tout le monde en annonçant, deux jours avant le début du Grand Chelem parisien, que ce serait sa dernière participation, à 31 ans. L'ancienne n°1 française n'a pas fait illusion contre Bernarda Pera, mais elle a semblé partir apaisée. "Elle a été notre leader du tennis féminin pendant de nombreuses années, elle nous a fait rêver. On a cru que c'était celle qui pouvait aller chercher un nouveau Grand Chelem, ce n'est pas passé si loin que ça. Elle a eu une carrière extraordinaire, c'est quelqu'un qui est très gentil, très simple, très accessible. On peut voir qu'elle est heureuse de passer à autre chose", relève notre consultant.

Dans le tableau masculin, l'attention était logiquement portée sur Richard Gasquet, qui aura repoussé d'un tour l'échéance avant de faire ses adieux face au n°1 mondial Jannik Sinner. Une fin dans une relative discrétion, à son image. "C'est un champion qui aura marqué l'histoire de notre sport. On s'est rendu compte sur les dernières années davantage du côté positif, et on a un peu moins attendu de lui. C'est quand même énorme d'avoir une carrière comme celle de Richard", salue Arnaud Clément.

Encore plus discret, Nicolas Mahut, qui n'avait plus joué en simple depuis 2021, a également eu droit à sa cérémonie, à 43 ans, en présence de son acolyte de toujours, Pierre-Hugues Herbert, avec qui il a remporté cinq Grands Chelems en double, dont deux fois Roland-Garros (2018 et 2021). "Il n'y avait personne qui pouvait aller les toucher, c'était la meilleure équipe du monde avec Pierre-Hugues", rappelle Arnaud Clément. Une édition de croisement de générations, où la relève semble presque prête à reprendre le flambeau.