Guerre Iran-Israël : démonstration de force, renforcement de l'aile dure du régime... Ces messages que Téhéran veut faire passer avec des funérailles nationales "historiques"
Le pouvoir iranien organise samedi 28 juin des "funérailles historiques" dans les rues de Téhéran pour honorer les hauts gradés de l'armée et des Gardiens de la Révolution, ainsi que des scientifiques liés au programme nucléaires, tués dans les bombardements israéliens. Mais l'objectif pour la République islamique est aussi de faire une démonstration de force.
Après ces 12 jours de guerre qui ont révélé un gouffre sécuritaire dans le pays, le régime iranien veut faire oublier ses faiblesses et faire taire toute contestation intérieure. Il cherche à jouer sur le patriotisme qui est très puissant chez les Iraniens, y compris parmi les opposants, afin de montrer la solidité de sa base populaire. D'ailleurs, dans la rhétorique du Guide suprême, l'Iran a remporté une victoire dans cette guerre.
Les arrestations se multiplient
Avec cette mobilisation, le régime veut aussi envoyer un signal de stabilité à l'extérieur. Mais il redoute des contestations à l'intérieur. Les arrestations, notamment d'opposants et d'activistes, se sont multipliées ces derniers jours : le moindre signe de trahison ou de collaboration est traqué par la police. Certains suspects sont même pendus. Cette guerre de 12 jours a accru la paranoïa du régime, qui traque les espions israéliens du Mossad, infiltrés dans toutes les structures du pays.
Denis Bauchard, ancien diplomate du Quai d'Orsay, estime qu'un renforcement de l'aile dure du régime, notamment au sein des Gardiens de la Révolution, au détriment de l'aile réformatrice, "n'est pas à exclure". Après les coups portés par Israël et les Etats-Unis, le guide suprême, Ali Khamenei exalte le sentiment national et les funérailles à Téhéran sont organisées comme une glorification de la nation iranienne.
Tous les Iraniens mobilisés ?
Ces funérailles vont certes rassembler des milliers de gens, les administrations et commerces sont fermés, mais tout cela demeure presque symbolique. Beaucoup d'Iraniens, faisant partie de la majorité silencieuse ou de l'opposition, vont rester chez eux. Ce sont surtout les pro régime, des fonctionnaires, des militaires, des gardiens de la Révolution, qui seront mobilisés.
Le guide suprême, Ali Khamenei, il a pris la parole jeudi dans une vidéo diffusée à la télévision. Il n'est pas présent samedi, impossible pour lui d'apparaître en public. Ce n'est pas son rôle, et surtout, le guide sait qu'il est menacé : Donald Trump a rappelé qu'il aurait pu être assassiné au cours de cette guerre des 12 jours.