Un mois après le déplacement victorieux à Barcelone (2-1), le Paris Saint-Germain affronte le Bayern Munich, deuxième gros morceau de son calendrier de phase de ligue de Ligue des champions, mardi 4 novembre, au Parc des Princes. Du propre aveu de Luis Enrique, il s'agit tout simplement de "la meilleure équipe d'Europe". De la bouche de l'entraîneur espagnol, pas du genre à vouloir se délester de la pression liée au statut de favori, ces termes sont encore plus frappants. Après la victoire à l'arraché contre Nice en Ligue 1 (1-0), samedi, il se projetait déjà avec impatience vers ce qu'il considère comme "l'un des meilleurs matchs que l'on puisse jouer et voir en ce moment".
Ce choc a beau être le dixième entre les deux équipes en l'espace de sept ans, il n'émane pas pour autant de lui une odeur de réchauffé. Le PSG a changé de statut au printemps et reste sur un succès cet été contre les Bavarois lors de la Coupe du monde des clubs (2-1). En face, le Bayern Munich n'est plus une équipe en construction comme l'an dernier. L'ère Vincent Kompany est désormais bien lancée. Au moment de recroiser la route du Paris Saint-Germain, son équipe n'a jamais paru aussi redoutable. "Le Bayern est dans une forme fantastique. Nous aussi on est bien", reconnaît Vitinha, le milieu de terrain du PSG, qui l'assure : "Nous sommes les deux meilleures équipes en Europe." La formation munichoise a remporté ses 15 premiers matchs de la saison et n'a été menée que cinq minutes au total, par Cologne en Coupe d'Allemagne mercredi dernier (victoire 4-1).
La meilleure attaque d'Europe est bavaroise
"Sa grande force est d’avoir su mettre les personnalités au service de l’équipe. Il y a une confiance et un respect mutuel joueurs-coach. Ce n’est pas un père fouettard, ni un entraîneur qui se plaint. Harry Kane et Joshua Kimmich acceptent de sortir, de jouer à des postes différents et tout le monde accepte l'idée de rotation", analyse Patrick Guillou, ex-joueur de Bundesliga aujourd'hui consultant pour beIN Sports. Dans ce nouveau Bayern, ce dernier voit beaucoup de traits hérités de la philosophie de jeu de Pep Guardiola, qu'on retrouve également du côté du PSG.
"Vincent Kompany était le sixième ou septième choix du club, ce qui a fait la différence ce sont les échanges téléphoniques des dirigeants avec Pep Guardiola. Dans les animations de jeu, on retrouve certains préceptes des premières années de Guardiola au Bayern : une progression en triangle, trois solutions au porteur, fixer d'un côté pour sortir de l'autre. La grosse constante, c'est le dépassement de fonction. Peu importe le joueur, il faut que la zone soit occupée. Tout le monde doit faire", développe Patrick Guillou.
Tout cela se matérialise dans les statistiques offensives impressionnantes du Bayern. Meilleure attaque et meilleure défense de Ligue des champions d'après les Expected Goals (une statistique qui estime le nombre de buts qu'une équipe aurait dû marquer ou encaisser en fonction de la dangerosité des tirs tentés et subis), le club munichois est aussi l'équipe la plus prolifique des cinq grands championnats européens (32 buts en 9 matchs, soit 3,6 buts par rencontre). Il réussit surtout ce que le PSG peine à accomplir en Ligue 1, notamment à cause des blessures : expédier les matchs tout en faisant tourner son effectif. Quand le Bayern affiche 2,76 xG par match de Bundesliga (record en Europe), le PSG ne se procure que 1,69 xG par rendez-vous de Ligue 1 (21e des cinq grands championnats européens).
Le Bayern aime avoir le ballon mais sait subir
Auteur déjà de 22 buts toutes compétitions confondues (15 matchs), Harry Kane est dans une forme éblouissante. Son association avec la nouvelle star tricolore Michael Olise continue de fonctionner, et l'arrivée cet été du Colombien Luis Diaz, sur l'aile gauche, a apporté une arme supplémentaire aux artificiers bavarois qui ne vont pas tarder à récupérer leur meneur de jeu Jamal Musiala. Ce dernier est sur le carreau depuis sa terrible blessure dans un duel avec Gianluigi Donnarumma au Mondial des clubs.
"Je ne pense pas que ce soit un match baromètre pour les deux équipes. Trop de choses vont se passer d’ici le printemps. Je parlerais plutôt de temps de passage obligatoires. Pour réussir ses galas, il faut de temps en temps s’imposer dans les imposés".
Patrick Guillou, spécialiste du foot allemandà franceinfo: sport
"Il y a un changement majeur cette saison. Les volumes de course ont baissé, mais les courses à très haute intensité, elles, ont augmenté. Il y a plus de temps forts et de temps faibles. Le Bayern est capable de reculer, de perdre 15-20 mètres volontairement pour libérer des espaces en contre. A la perte du ballon, il y a aussi cette impression d'une meilleure défense résiduelle", note Patrick Guillou. Dans son premier gros test européen, l'équipe de Vincent Kompany a fait subir sa loi à Chelsea (3-1). Sur ses trois premières sorties, elle n'a jamais mis plus de 20 minutes pour ouvrir le score.
"Ça promet d'être rock'n'roll", s'est projeté le coach belge, qui s'attend à "une intensité maximale" entre deux équipes qui produisent "ce qui se fait de mieux en Europe". L'affiche, elle, ne dira pas forcément grand-chose de la suite de leur aventure européenne, en témoigne le parcours du PSG la saison passée. Le Bayern, lui aussi, avait dû passer par les barrages pour voir la phase finale. En revanche, terminer à l'une des deux premières places de la phase de ligue garantit - depuis cette saison - de jouer le retour des huitièmes de finale et des quarts de finale à domicile. L'enjeu est majeur pour les deux formations qui occupent actuellement ces deux positions avantageuses.