Le Royal Ballet de Londres annule la production de Tosca à Tel-Aviv

Le verdict est tombé. Après avoir reçu vendredi 1er août « une lettre ouverte » de 182 membres de la troupe de Tosca  (Giacomo Puccini) critiquant la position du Royal Ballet and Opera de Londres sur Gaza, la direction de l’institution britannique a décidé d’annuler la programmation du spectacle prévu en 2026 à l’Opéra israélien de Tel Aviv.

Selon les informations du Guardian, la lettre a été signée par des danseurs, des chanteurs, des musiciens et des membres du personnel des départements artistiques, créatifs, techniques et administratifs. Ces derniers se sont dits « profondément préoccupés par les actions et décisions récentes prises par l’Opéra dans le contexte du génocide en cours à Gaza ».

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Les signataires reprochent notamment à l’institution londonienne d’avoir laissé le spectacle Turandot (Giacomo Puccini) se produire à l’Opéra israélien de Tel-Aviv début juillet. Un « alignement délibéré », disent-ils, avec « un gouvernement actuellement impliqué dans des crimes contre l’humanité. Le lieu lui-même offre des billets aux soldats des Forces de défense israéliennes en reconnaissance de leur travail », s’indignent-ils, s’appuyant sur les informations indiquées sur le site web de l’Opéra israélien.

La troupe poursuit : « Le Royal Opera House [...] permet à sa production et à sa propriété intellectuelle d’être présentées dans un espace qui récompense et légitime ouvertement les forces responsables des meurtres quotidiens de civils à Gaza. » L’institution britannique a pris la décision d’annuler la représentation à Tel-Aviv après que ses employés ont menacé de rejeter « toute prestation actuelle ou future » dans un état impliqué dans le « massacre de civils ».

Un drapeau palestinien brandi sur scène

Les signataires de la lettre ouverte pointent également du doigt un événement survenu le 19 juillet dernier. Lors d’une représentation du spectacle Le Trouvère  (Giuseppe Verdi) au Royal Opera House de Londres, le directeur de l’institution Oliver Mears « a tenté d’arracher de force » un drapeau palestinien brandi sur scène par l’acteur queer Daniel Perry, avant de lui dire qu’il « ne travaillerait plus jamais pour l’Opéra ». Ils demandent ainsi que le directeur « soit tenu responsable de son comportement agressif en public » après avoir montré que « toute solidarité visible avec la Palestine serait accueillie avec hostilité ».

Nous voulons que notre scène reste un espace de partage culturel, exempt de déclarations politiques individuelles

Oliver Mears, directeur de l’Opéra Royal de Londres

Interrogé par le Guardian, Oliver Mears a répondu être « consterné par la crise à Gaza ». « Je reconnais le profond impact émotionnel qu’elle a eu sur notre communauté et la société en général, ajoute-t-il. Sur cette question, nous reconnaissons et respectons tous les opinions exprimées par notre personnel, nos artistes et notre public. » Et de poursuivre : « Les événements du 19 juillet étaient sans précédent. Nous avons mûrement réfléchi et revu nos protocoles internes. Nous nous efforçons toujours d’agir avec intégrité et compassion. Nous voulons que notre scène reste un espace de partage culturel, exempt de déclarations politiques individuelles. »

Soutien affirmé à l’Ukraine, mais pas à Gaza

La position du Royal Opera House de Londres sur la situation à Gaza interroge d’autant plus le personnel qu’en 2022 l’institution a manifesté sa solidarité avec l’Ukraine après l’invasion russe, jouant « l’hymne national ukrainien avant les représentations » et affichant « le drapeau en signe de solidarité avec son peuple ». « Pourquoi est-ce différent aujourd’hui ?, se demandent les signataires de la lettre. Le double standard est assourdissant». De son côté, Oliver Mears considère que cet événement était une action « conforme au consensus mondial de l’époque ».