Soupçons de lobbying de Rachida Dati pour GDF Suez : de nouvelles révélations accréditent la thèse

La ministre de la Culture, Rachida Dati, aurait-elle fait du lobbying pour GDF Suez pendant son mandat au parlement européen ? Des documents révélés par Complément d’enquête, diffusé ce jeudi 5 juin sur France 2, et Le Nouvel Obs semblent accréditer la thèse d’un conflit d’intérêts que l’intéressée a toujours nié.

Ces documents, qui ne sont à l’heure actuelle pas aux mains de la justice, proviennent de la comptabilité d’un cabinet d’avocats liquidé en 2019 et font apparaître l’encaissement de deux virements de 149 500 euros chacun provenant de GDF Suez et datés de juillet 2010 et février 2011. À chaque fois, quelques semaines après ces opérations, ces mêmes sommes – au total 299 000 euros – ont été décaissées par le cabinet au profit de Rachida Dati avec la mention « Dati honoraires GDF Suez », selon les informations dévoilées.

Rachida Dati déjà interrogée par la justice sur ses liens avec GDF Suez

Les deux médias mettent ces versements en regard de « prises de position favorables au secteur gazier » de Rachida Dati quand elle était eurodéputée, entre 2009 et 2019. Fin 2013, l’eurodéputée centriste Corinne Lepage, qui témoigne dans Complément d’enquête, s’était d’ailleurs étonnée du soutien apporté par sa collègue à la revendication de grands groupes énergétiques, dont GDF Suez, pour l’arrêt des subventions aux renouvelables.

La relation de l’actuelle ministre avec l’entreprise est aussi apparue au cours de l’enquête sur l’affaire Ghosn dans laquelle elle est mise en examen depuis 2021 en raison de 900 000 euros d’honoraires d’avocats qu’elle aurait perçus entre 2010 et 2012, d’une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan.

Les magistrates du Parquet national financier (PNF) en charge du dossier l’auraient ainsi interrogée, selon les deux médias qui ont pu consulter les auditions, sur des mentions comme « GDF et Areva sont concurrents, revoir contrat dernière page » ou encore « GDF 250 » figurant dans des cahiers à spirales saisis lors de perquisitions dans le bureau de l’assistante de Rachida Dati à la mairie du 7e arrondissement de Paris. L’ex Garde des sceaux de Nicolas Sarkozy a alors réfuté avoir ces groupes comme clients.

« Madame Dati a donné toutes ses explications et n’a jamais été l’avocate de GDF Suez », ont insisté mercredi 4 juin auprès de l’AFP ses avocats, Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo tandis qu’Engie n’a pas réagi pour le moment.

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
  • nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.

L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus