Des drapeaux palestiniens omniprésents au bord des routes, le bus d'Israël-Premier Tech copieusement sifflé partout où il passe, et des militants qui font barrage au peloton… Les manifestations pro-palestiniennes se sont intensifiées ces derniers jours sur la Vuelta en Espagne. De passage au Pays basque mercredi 3 septembre, un territoire reconnu pour son soutien à la Palestine, le peloton a été arrêté dans le départ fictif par des manifestants dont la banderole réclamait le boycott d'Israël.
"On a senti une façon de protester de plus en plus virulente au fur et à mesure des journées, soulignait le coureur français Julien Bernard (Lidl-Trek) au micro d'Eurosport mercredi matin. On aimerait bien que tout se passe pour le mieux pour nous, c'est assez dangereux pour nous et pour les gens au bord de la route. Depuis hier soir on discute beaucoup pour savoir quelle attitude adopter face à cela, on aimerait bien être unis tous ensemble pour décider d'une action si ça devient dangereux pour nous. Au sein de l'équipe, on est tous d'accord pour dire que si ça devenait trop dangereux, on aimerait neutraliser l'étape".
Une chute causée par des manifestants sur la 10e étape
Des représentants de chaque équipe se sont d'ailleurs réunis avec l'organisation avant le départ à Bilbao, mercredi midi, pour en discuter. Les coureurs sont notamment marqués par la chute, la veille, du coureur italien Simone Petilli (Intermarché-Wanty), provoquée par des manifestants, qui ont traversé la route au moment où le peloton, lancé à vive allure, passait. "Je comprends que la situation n'est pas bonne, mais hier j'ai chuté à cause d'une manifestation sur la route. S'il vous plaît, nous sommes juste des coureurs cyclistes qui faisons notre travail, et si ça continue comme ça, notre sécurité n'est plus garantie. Nous nous sentons en danger. Nous voulons juste courir ! S'il vous plaît", a-t-il insisté sur les réseaux sociaux.
"Nous reconnaissons pleinement le droit de chacun de manifester. Mais nous demandons que cela soit fait en toute sécurité. Nous sommes concentrés ici sur notre sport, pas sur la politique. Je vous appelle avec respect à ne pas nous mettre en danger nous, ni vous-mêmes", a réagi le coureur belge Louis Vervaeke de l'équipe Soudal Quick-Step. Le président du syndicat des coureurs, Adam Hansen, a lui reconnu "le droit de manifester pacifiquement", mais a ajouté que les "actions mettant en danger les athlètes sont inacceptables".
Sur la cinquième étape, déjà, lors du contre-la-montre par équipes, les coureurs d'Israël-Premier Tech avaient été interrompus par des manifestants. La formation cycliste avait alors publié un communiqué condamnant "les actes dangereux des manifestants (...) qui n'ont pas seulement compromis la sécurité de nos coureurs, du personnel de course, mais aussi la leur".
Le directeur de la Vuelta, Javier Guillen, avait indiqué que les organisateurs déposeraient une plainte auprès de la police, qualifiant cette manifestation d'"acte de violence". Une dénonciation rejetée par la ministre de la Jeunesse espagnole, Sira Rego, qui avait jugé "absolument inacceptable" de qualifier de "violente" une "protestation pacifique" contre une équipe soutenue par un État accusé de "violence systématique" dans la bande de Gaza.