Bombardements israéliens sur Gaza : "Les conditions sont inhumaines et honteuses", alerte Médecins du monde
"Les conditions sont inhumaines et honteuses" à Gaza, a alerté Héléna Ranchal, directrice des opérations de Médecins du monde vendredi 21 mars sur franceinfo, alors qu'Israël poursuit son offensive et ses bombardements pour le quatrième jour consécutif après avoir rompu la trêve.
"Après seize mois de guerre", Héléna Ranchal affirme n'avoir "jamais été dans une situation comme celle vécue actuellement". Elle se dit "très inquiète pour la sécurité" des équipes de Médecins du monde. "On a des camions positionnés à quelques kilomètres d'où on a les cliniques et ils ne peuvent pas rentrer", explique-t-elle. Depuis le 2 mars, "il n'y a rien qui rentre, il y a un blocus total", note la directrice des opérations de l'ONG. "Et même les rotations des humanitaires sont arrêtées".
Prix du pain multiplié par cinq
"La question de la nourriture, pour tout le monde, devient très compliquée", ajoute Héléna Ranchal qui alerte sur l'inflation qui explose dans la bande de Gaza. "Le prix du pain s'est multiplié par cinq, le kilo de tomates coûte 8 euros."
Pour la directrice des opérations de Médecins du monde, les six semaines de trêve entre Israël et le Hamas "n'ont servi à rien", "tellement le niveau de destruction" causé par les bombardements de l'armée israélienne sur l'enclave palestinienne est "massif". "Il y a 60% des hôpitaux qui sont partiellement fonctionnels, on a seulement moins de la moitié des centres de santé primaire qui fonctionnent, ce n'est pas en six semaines qu'on peut restaurer ces systèmes de santé".
Évacuer, "mais où ?"
Ce vendredi, l'armée israélienne a appelé les habitants du sud de la bande de Gaza à évacuer avant une nouvelle frappe. "Mais évacuer où en fait ?", s'insurge celle qui dirige les opérations de Médecins du monde. "Il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza", soutient-elle. Pour Héléna Ranchal, Israël pratique un "jeu cruel de forcer les gens d'aller d'un endroit à l'autre alors qu'il n'y a aucun endroit sûr".
L'armée israélienne a tué au moins 48 397 personnes à Gaza, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas dévoilées début mars et jugées fiables par l'ONU. L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a fait 1 218 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, 58 restent retenues à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.