Pierre Nora ou «la politesse de l’intelligence»

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«J ’ai suscité beaucoup de jalousie dans ma vie», explique Pierre Nora (ici dans son bureau, chez Gallimard, à Paris, en avril 2016). François BOUCHON/Le Figaro

PORTRAIT - L’historien est décédé à 93 ans. Dans Jeunesse (Gallimard), il racontait ses années de formation et explorait ses «lieux de mémoire» personnels. Du Vercors, où il vécut la guerre, caché, à ses premiers pas d’éditeur, le lecteur suit le parcours passionnant d’un des piliers de l’intelligentsia française.

Cet article a été initialement publié le 14 mars 2021. Nous vous le reproposons, actualisé.

L’œil bleu taquin, la peau bronzée, l’allure élégante et charmeuse: il a un côté Jean d’Ormesson de la rive gauche. La gravité et la profondeur de l’histoire plutôt que les étincelles de la littérature. Le ciel des idées plus que les eaux des îles grecques. Certains lui trouvent un air de patricien à l’antique. Longtemps, Pierre Nora fit trembler le Paris intellectuel. C’était l’époque où l’édition possédait le suprême pouvoir: accepter ou refuser des manuscrits. Il est vite devenu maître dans l’art de la lettre de refus. «Il faut que l’auteur préfère recevoir une telle lettre plutôt que d’être édité», aime-t-il à confier.

Il nous reçoit dans son petit bureau, chez Gallimard. Table en formica, canapé en cuir beige avachi dont on imagine qu’il a dû accueillir les fesses des plus grands esprits depuis le temps - cinquante-cinq ans! - que Pierre Nora règne sur la partie essais de la plus célèbre maison…

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