Depuis maintenant plus de quatre mois, Israël empêche l'entrée de la quasi-totalité de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. En conséquence, la population souffre d'une famine terrible. Mardi 22 juillet, le directeur de l'hôpital d'Al-Shifa, situé dans la ville de Gaza, indiquait que 21 enfants étaient morts dans les hôpitaux ces trois derniers jours, pour cause de malnutrition.
Joint par téléphone, le docteur Muhammad Abu Salmiya décrit une situation catastrophique. Entre deux coupures de réseau téléphonique, il parvient à lancer un cri d'alerte : les services de son hôpital Al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, sont saturés, occupés par des patients dénutris. "Au cours des trois derniers jours, 21 enfants sont morts de faim, et maintenant, 7 000 enfants souffrent de sévère malnutrition dans Gaza", raconte-t-il.
"C'est une situation très critique, tous les hôpitaux maintenant sont saturés, car le personnel médical doit gérer les gens affamés et les personnes blessées par les tirs israéliens. C'est le pire qu'on ait connu depuis le début de la guerre à Gaza."
Docteur Muhammad Abu Salmiyaà franceinfo
Pas de nourriture et peu de carburant
Le médecin alerte aussi sur l'état de son personnel médical, durement touché par le manque de nourriture : "Notre personnel médical est fatigué, affamé aussi, alors que nous devons travailler 24 heures sur 24 pour gérer les patients blessés et bon nombre d'entre eux ont aussi dû être hospitalisés pour cause de malnutrition sévère, ceux-là ne peuvent plus marcher et encore moins opérer les patients." Muhammad Abu Salmiya souligne aussi le manque de carburant qui empêche le fonctionnement de nombreux services, des salles d'opération aux salles de dialyse.
Le médecin demande aux décideurs internationaux de mettre fin à la guerre et l'ouverture des frontières pour que l'aide humanitaire entre à nouveau dans l'enclave palestinienne. Il tient bon mais lui-même se retrouve en grande difficulté, il n'a pas accès à la nourriture, pas davantage que son personnel médical ou les patients. "J'ai aussi faim, je suis aussi fatigué, j'ai des enfants à la maison qui me demandent : 'papa, je veux du pain, de la nourriture, quelque chose', raconte-t-il. Nous devons faire cesser ce génocide à Gaza, maintenant !"
Il craint que son appel à l'aide n'arrive trop tard, que la famine ne soit déjà trop importante pour sauver de nombreux patients. Mais si l'aide entre rapidement dans Gaza, il espère que quelques-uns pourront être sauvés.