«Climat», «femme», «égalité», «inclusion»... Inutile de chercher ces termes dans les prochains travaux de recherches américains : ils y sont désormais proscrits. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le secteur de la science est dans son viseur : entre coupes budgétaires et critiques idéologiques, certains chercheurs, outre-Atlantique, font face à des restrictions. Au micro de Franceinfo mercredi 12 mars, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a exprimé son souhait «d’accompagner les chercheurs américains», à travers la mobilisation de «nos universités et nos centres de recherches».
L’inquiétude des scientifiques est mondiale : «des pans entiers de la recherche sont attaqués», regrette Philippe Baptiste qui, en réponse à la «méthode de la tronçonneuse» appliquée par le gouvernement Trump, appelle à une mobilisation générale. Pour l’instant, le projet semble encourageant : l’université d’Aix-Marseille a récemment dévoilé la mise en place d’un programme «Safe Place For Science», à destination des scientifiques étrangers souhaitant poursuivre leurs travaux de recherche «dans un environnement propice à l’innovation», a annoncé son président Éric Berton.
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«Quelques centaines» de chercheurs espérés
La poudre d’escampette semble être le remède pour de nombreux «cerveaux américains», inquiets du nombre de licenciements aux États-Unis - le cabinet Challenger, Gray & Christmas a annoncé une perte d’emplois en hausse de 245% pour le mois de février. Résultats : mails, CV et appels s’accumulent dans les bureaux de l’université d’Aix-Marseille. «On a reçu une quarantaine de candidatures», a rapporté Éric Berton, «à la fois des jeunes chercheurs et des plus âgés».
Quarante, soit un nombre bien au-delà des capacités d’accueil du projet de l’établissement français : les 10 et 15 millions d’euros qui devraient lui être alloués ne pourront couvrir les travaux de recherches que d’une quinzaine de scientifiques. Mais les chercheurs ne devraient pas être en reste : «plusieurs centres et organismes de recherches se mobilisent», a assuré Philippe Baptiste, qui évalue pour l’instant l’accueil des chercheurs à «quelques centaines». Conscient des moyens et des équipes à mettre en place, «on ne fait pas venir juste un chercheur dans son coin», il affirme «construire un plan» concernant leur accueil.
«La bonne maille, c’est au niveau européen»
La France est capable de «fournir des propositions» certes, mais les efforts doivent être élargis : si le pays a investi «près de trois milliards d’euros» depuis la loi de programmation de la recherche, mise en place en 2021, l’Europe doit également proposer des «initiatives concrètes» : «la bonne maille, c’est au niveau européen». Face aux récentes coupes budgétaires des États-Unis - considérés comme la «plateforme internationale» de la recherche -, l’Europe doit se délester de sa dépendance américaine : «nous devons être capables d’avoir nos propres données ».
Une première chercheuse américaine a été accueillie à l’université d’Aix-Marseille, en début de semaine. Philippe Baptiste espère maintenant que de nombreux autres scientifiques fouleront, à leur tour, les sols universitaires.