L'Assemblée nationale met la pression sur Shein, dans la foulée du gouvernement, qui engage une procédure de suspension temporaire de la plateforme en France. Shein, qui vient d'ouvrir sa première boutique au monde au BHV, à Paris, a été épinglée pour ses pratiques commerciales agressives.
La société est dans la tourmente depuis la révélation samedi 1er novembre de la vente de poupées sexuelles ressemblant à des fillettes sur le site. Les députés saluent cette décision du gouvernement et veulent aller plus loin dans le bras de fer.
"Je n'en attendais pas autant"
Rare moment de concorde à l'Assemblée : les députés sont tous satisfaits par ce coup de pression du gouvernement. "Je n'en attendais pas autant, je l'avoue, donc c'est plutôt une surprise positive", lance l'écologiste Arnaud Bonnet. L'élu défend une proposition transpartisane de résolution européenne pour que l'Union européenne soit plus sévère vis-à-vis de Shein.
À ses côtés, notamment, le député LR Antoine Vermorel-Marques et la macroniste Olivia Grégoire, ancienne ministre du Commerce. "Moi, simple député, je trouve des armes sur cette plateforme", déplore le premier. "Moi-même, je trouve des couteaux, j'ai une quinzaine de références d'armes de type A, qui ne sont pas permises en vente libre", renchérit la seconde. "C'est inadmissible, on est passé de la fast-fashion au 'fast crime'", ajoute le député LR.
"Il faut qu'ils mettent les moyens humains"
Shein a retiré temporairement de sa plateforme certains produits pour le marché français. Une réponse au scandale de la vente de poupées sexuelles ressemblant à des fillettes. Insuffisant pour le gouvernement, qui engage une procédure de suspension du site et attend maintenant que Shein cesse rapidement de vendre des produits interdits par la loi. Il faut tout revoir de A à Z, martèle le député PS Romain Eskenazi : "Il faut qu'ils mettent les moyens humains, quitte à rogner sérieusement sur leur marge pour contrôler chaque produit qui sera mis en ligne sur le site."
Shein a ouvert mercredi sa première boutique physique au monde à Paris, au BHV, un grand magasin emblématique de la capitale. Insupportable, s'étrangle la député macroniste Olivia Grégoire. "C'est scandaleux, fustige-t-elle. Je suis députée de Paris, nous sommes face à la mairie de Paris. Paris est la capitale mondiale de la mode."
"C'est à mon sens amoral, ce n'est pas, au moment où je vous parle, illégal en droit économique."
Olivia Grégoire, députée macroniste de Parisà franceinfo
Le PS demande une fermeture de cette boutique. Hors micro, un cadre de Shein défend "un vrai succès populaire" pour le premier jour d'ouverture. "Nous avons des dizaines de millions de consommateurs dans le pays", jure cette source, qui se targue de représenter la cinquième marque d'habillement préférée des Français.