«C’est inimaginable» : la détresse des parents du chercheur Laurent Vinatier, qui risque 20 ans d’emprisonnement en Russie
«De toute façon, si Laurent est détenu pendant 20 ans, on ne le reverra plus de notre vie, puisqu’on sera morts, c’est certain, vu notre âge. C’est inimaginable». Dans un reportage diffusé au journal télévisé de France 2 ce dimanche 24 août, les parents du chercheur français Laurent Vinatier incarcéré en Russie depuis plus d’un an, ont fait part de leur vive inquiétude. Leurs fils, âgé de 49 ans, a été convoqué ce lundi 25 août à une nouvelle audience en Russie et risque 20 ans de prison pour «espionnage».
Laurent Vinatier travaillait comme conseiller au Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse de médiation dans les conflits. Il avait été interpellé à Moscou en juin 2024 en même temps qu’un groupe d’Occidentaux, dans un contexte de vives tensions entre Paris et Moscou.
Passer la publicitéLoi sur les «agents étrangers»
Ce russophile avait d’abord été reconnu coupable d’avoir recueilli des informations sur l’armée russe et d’avoir enfreint la loi sur les «agents étrangers» car il ne s’était pas enregistré en tant que tel. Il risquait alors cinq ans de prison. Admettant cette situation, il avait plaidé coupable, espérant obtenir une peine d’un tiers plus courte que la peine maximale. Laurent Vinatier avait finalement été condamné à 3 ans d’emprisonnement, peine confirmée en appel le 24 février dernier. En France, le Quai d’Orsay avait réclamé la libération du ressortissant, faisant valoir l’arbitraire de la condamnation. En plus de sa libération, Paris réclamait également l’abrogation de la loi sur les «agents étrangers».
Mi-août, des documents judiciaires rendus publics ont indiqué que Laurent Vinatier était convoqué à une nouvelle audience, cette fois pour espionnage, chef d’accusation passif de 20 ans de prison. «Notre fils espion, c’est absolument absurde quand on sait qu’il travaille pour une ONG où tout ce qui est fait est absolument transparent», a affirmé Brigitte Vinatier à France 2, en écho à son mari Alain, qui a regretté que «pour un Russe, dès qu’on est étranger, on est espion». Les parents du chercheur n’ont pas revu leur fils depuis un an et demi. Ils parviennent à s’échanger des lettres, mais ces dernières sont «certainement lues par un bureau de la censure», a glissé Brigitte Vinatier. Selon sa mère, le chercheur raconte dans ses lettres «ce qu’il aura envie de faire quand il rentrera en France».
Brigitte et Alain Vinatier espèrent que leur fils Laurent pourra faire partie d’un échange de prisonniers. L’été dernier, Moscou et l’Occident s’étaient livrés à une opération de ce type, la plus importante jamais organisée depuis la chute de l’empire soviétique. 24 personnes emprisonnées dans sept pays différents avaient transité par la Turquie. 16 d’entre elles étaient détenues en Russie et en Biélorussie.