Kylie Minogue fait danser l’AccorArena

En ce week-end de Pride à Paris, la marche des Fiertés s’est clairement achevée à l’AccorArena. Près de vingt ans après son premier Bercy, Kylie Minogue s’est produite devant une salle pleine à craquer. «Si Madonna est la Queen de la pop, Kylie est notre princesse», explique l’avocat Pierre Landy. Dans le public, il y a ceux qui n’étaient pas nés en 2001 au moment où l’entêtant Can’t Get You of my head est sorti. Et ceux qui se souviennent de son tout premier tube The Locomotion en 1987, un titre coécrit par Carole King et chanté par Little Eva et Sylvie Vartan dès 1962.

Née en 1968 à Melbourne, Kylie Minogue a débuté à l’âge de dix ans comme actrice dans une série télévisée australienne avant de bifurquer dans la chanson à Londres à la fin des années 1980. À 57 ans et après 40 ans de carrière, cette nouvelle tournée mondiale baptisée Tension Tour est très spéciale. Avec plus de 70 concerts de Tokyo à Chicago en passant par Copenhague et Londres, la tournée symbolise son retour au sommet.

Après dix premières dates en Australie en février dernier, Miss Kylie s’est produite pour la première fois au Madison Square Garden à New York en avril dernier. Elle a rempli deux soirs de suite cette salle mythique. Dimanche, c’était son grand retour à Paris depuis la Seine musicale en 2018. Dans les années 1990 et début 2000, la star australienne a connu une petite traversée du désert. Venue se produire pour la première fois au Bataclan en 2001 puis au Zénith de Paris en 2005, elle s’est vite faite rare. À cette époque-là, elle s’est battue contre un cancer du sein soigné à l’institut Gustave Roussy à Paris, du temps où elle était en couple avec l’acteur français Olivier Martinez. Elle a été une des premières stars à annoncer sa maladie publiquement. La France et Kylie, c’est une grande histoire d’amour. Comme Lionel Richie, elle parle très bien français.

Deux heures de show avec 28 titres

À 20h32, le noir se fait. Contrairement à Rihanna, Madonna et Nicki Minaj, Kylie Minogue respecte son public et lance son show pile à l’heure. Fée clochette de 1m52, la divine jaillit du sol pour s’élever dans les airs dans un diamant taillé de faisceaux lumineux. Le premier quart d’heure est électrique. Tout Bercy est debout. À 57 ans, elle enchaîne de sa voix de soprano Lights Camera Action, Your Eyes, Get Outta My way, What do I have to do et Come into my World. Ce n’est qu’au bout d’un quart d’heure qu’elle s’arrête les bras en l’air avec ses longs gants telle Rita Hayworth : «Paris, vous êtes prêt ? Allumez-moi Bercy, il faut que je vérifie comment vous allez avec cette chaleur ! Vous êtes beau !»

Avec quasiment 40 ans de carrière et dix-sept albums derrière elle, Kylie Minogue a de quoi assurer deux heures de show avec 28 titres, tous des tubes planétaires. « Pop, rap, country, électropop, dance, house, balade... elle synthétise tous les genres avec excellence », complimente Lionel Baert du site d’art contemporain Of Art.

Souriante, drôle, complice avec le public, Kylie Minogue est lumineuse et profondément sympathique. Vu la canicule qui s’est abattue sur la capitale, il fait chaud, surtout pour elle qui bouge sous les projecteurs. « Comment peut-elle porter une tenue full latex et les cheveux lâchés dans ces conditions ? », s’inquiète notre voisin. Que la production n’ait pas pensé à ajouter des ventilateurs sur scène est incompréhensible. Très vite son maquillage coule, son brushing se plaque, elle va souvent s’hydrater à la paille et même emprunter un éventail à un fan. Elle en rit tout en admettant que c’est dur. Kylie Minogue c’est la girl next door et en même temps, une star.

Pas de playback et scénographie simple

Par chance, elle change souvent de tenue, combinaison pailletée rouge assortie à son micro, petite robe noire... ce qui lui permet de se rafraîchir en coulisse et de revenir toujours impeccable. «C’est toujours un plaisir de pouvoir dire PARIS ! Je suis si contente d’être revenue après tout ce temps et que vous soyez là ! s’exclame-t-elle en français. Je bous de chaleur mais on va faire la fête !» Et d’ajouter émue: «Ma famille et mes vieux amis sont dans la salle.» Locomotion est annoncé de façon drôle : «On va retourner en arrière, à une époque magique, celle des années 1980.»

Sept musiciens, huit danseurs, une petite avant-scène laquée de noir, une mini-scène au milieu de l’orchestre, quelques jets de paillettes et des vidéos bien ficelées, un show découpé en cinq actes... la scénographie est simple. Kylie a donné bien des méga shows dont l’apogée a été son Aphrodite Tour en 2011 mais elle n’est plus dans la surenchère visuelle comme Beyoncé et Dua Lipa. Notre Australienne chante toujours micro ouvert. Trois choristes sont là non pas pour chanter à sa place mais pour enrichir le show. D’ailleurs, elle les met volontiers en avant. Sur un titre country où elle tape son talon d’une main et fait tourner un chapeau de cow-boy imaginaire, elle fait penser à Dolly Parton.

Elle chante aussi a cappella notamment la ballade Where the wild Roses grow de Nick Cave qu’elle dédie à une fan assise à l’orchestre. Elle enchaîne toujours a cappella l’un de ses tubes disco puis d’un coup une gigantesque boule à facette descend et illumine Bercy. Sous une pluie de confettis, Kylie enchaîne Supernova, Real Groove, Where does the Dj Go, autant de titres de son album Disco qu’elle n’a jamais pu chanter sur scène à cause du covid. À 22h15, Bercy qui ne s’est jamais assis, entonne bras en l’air : «La La La, I just can’t get you out of my head...» La soirée « rose » s’achève sur Padam Padam et Love at first sight. Ceux qui n’ont pas eu la chance de décrocher une place pour ce Bercy peuvent encore se rattraper. Kylie Minogue sera sur scène au LDLC Arena à Lyon, le 10 juillet prochain.