Corée du Sud : le président déchu Yoon Suk Yeol inculpé pour insurrection

Il ne sortira pas de sa cellule de sitôt : onze jours après avoir été appréhendé par les autorités sud-coréennes, le président déchu Yoon Suk Yeol a été inculpé ce dimanche pour avoir fomenté une « insurrection ». Les procureurs chargés de l’enquête ont confirmé son maintien en détention à Séoul, en attendant son procès qui doit se tenir dans les six mois à compter de son arrestation.

Cette décision a été prise au motif d’un « risque continu de destruction de preuves », selon leur communiqué. Pour un crime tel que l’insurrection, l’intéressé n’est pas couvert par l’immunité présidentielle.

L’opposition salue cette décision

Yoon Suk Yeol est sous le joug d’une procédure de destitution du Parlement, après sa tentative avortée d’instaurer la loi martiale le 3 décembre 2024. C’est qu’il aura fallu du temps avant qu’il ne soit arrêté le 15 janvier : il s’était reclus dans sa résidence, soutenu par des centaines de partisans, compliquant son interpellation.

Devant les juges, il a d’abord refusé de coopérer à l’enquête criminelle, ses conseils prétendant que les enquêteurs n’ont pas d’autorité légale. Le chef de file du Parti du pouvoir au peuple (PPP) a ensuite tenté vainement de justifier son acte en évoquant d’hypothétiques fraudes électorales, ainsi qu’un blocage législatif de l’opposition au sein de l’Assemblée nationale. En réalité, sa formation politique a subi une lourde défaite électorale aux élections législatives d’avril dernier.

L’opposition, qui était parvenue à se réunir en urgence dans la nuit du 3 au 4 décembre pour contrecarrer ce coup de force, salue aujourd’hui la décision de justice. « Nous devons arrêter non seulement ceux qui ont comploté pour mener une insurrection illégale, mais aussi ceux qui l’ont fomentée en diffusant des informations erronées », a rappelé le député Han Min-soo à l’AFP.

Officiellement, Yoon Suk Yeol n’est pas encore privé de la présidence. Seule la Cour constitutionnelle de Corée du Sud, qui se penche actuellement sur cette crise, peut confirmer ou infirmer sa mise en accusation, et donc le déchoir définitivement. Si tel était le cas, une nouvelle élection devra être organisée sous 60 jours. Malgré sa détention, le chef de l’État suspendu a promis de « se battre jusqu’au bout ». Il risque soit la prison à vie, soit la peine de mort.

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
  • nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.

L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus