« Délinquant multirécidiviste » : Zemmour de nouveau devant les tribunaux pour incitation publique à la haine, à la violence ou à la discrimination
Une fois de plus, le président du parti d’extrême droite Reconquête !, Éric Zemmour, était entendu par la justice. Cette fois, c’était à la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Paris, le lundi 12 mai, pour des propos qui remontent au 25 janvier 2022. Invité pour la première de l’émission « Bonjour chez vous, à l’heure de la présidentielle ! » en direct sur Public Sénat, le candidat avait soutenu que « si on a une délinquance aussi explosive, c’est à cause de l’immigration. Sans immigration, il n’y aurait quasiment plus de délinquance. Il n’y a que des immigrés ou des enfants d’immigrés qui sont délinquants ». La Ligue des droits de l’Homme (LDH) ainsi que SOS Racisme se sont constitués parties civiles, demandant respectivement 10 000 euros et 5 000 euros de dommages et intérêts.
« Discours empli d’amalgames »
Initialement convié pour aborder des sujets qui lui sont moins familiers tels que les déserts médicaux ou l’écologie, Éric Zemmour en était finalement venu, au cours de l’émission, à son sujet de prédilection : l’insécurité. « L’immigration, c’est la mère de toutes les batailles », avait martelé le polémiste, avant de fustiger le prétendu laxisme du système judiciaire. À la barre, le conseil de la LDH a dénoncé un « discours empli d’amalgames associant la délinquance à l’immigration », qui « exacerbe les tensions sociales ». Les propos d’Éric Zemmour ne constituent pas un « simple écart de langage : c’est une doctrine personnelle. De plus c’est une personnalité publique, les conséquences de ses propos ne peuvent pas être ignorées », a rappelé le conseil de la LDH.
Également partie civile, SOS Racisme a insisté sur la « provocation à la discrimination » engendrée par les propos du polémiste. Pour Lucie Rain, l’avocate du collectif, « le fait d’assimiler les immigrés à la délinquance donne une image négative, dans la société ou dans l’emploi, à ces personnes issues de l’immigration ». Elle a ensuite dénoncé l’absence du mis en cause à l’audience, témoignant du « mépris de M. Zemmour pour les institutions de la République ».
Après une tentative ratée pour rendre les plaintes irrecevables, Laurence Dauxin-Nédelec, avocate du polémiste, a tenté d’expliquer que le discours haineux de son client « ne vise personne. Il parle de plein de situations différentes lorsqu’il évoque l’immigration ». Il serait « attaqué non pas sur ses propos mais sur son programme. (…) On aime bien faire parler Éric Zemmour, même quand il ne dit rien », assène-t-elle avec aplomb. De manière stupéfiante, la procureure abonde dans son sens, affirmant qu’elle ne distingue dans le discours du président de Reconquête ! « aucune exhortation à la haine ou à la violence »…
Multicondamné pour des propos haineux
Pas de quoi convaincre les parties civiles, qui tiennent à rappeler le profil de « délinquant multirécidiviste » de l’ex-candidat à la présidentielle, qui a déjà fait face à la justice à plusieurs reprises pour des motifs similaires. En 2011, il avait été condamné à 2000 euros d’amende avec sursis pour provocation à la haine raciale. Plus récemment, en mars dernier, il a été écopé de 9 000 euros d’amende pour injure raciale, pour des propos où il voyait dans l’affaire de Crépol « deux France » qui s’opposaient, « celle de Thomas et celle de Chahid ».
Enfin, le 2 avril, il a encore été condamné en appel à 10 000 euros d’amende pour contestation de crimes contre l’humanité. L’ancien journaliste avait soutenu, en 2019 sur le plateau de CNews, que Philippe Pétain avait été le « sauveur » des juifs français. Il faudra attendre le 2 juillet prochain pour que le verdict soit rendu, et que l’on sache si une nouvelle condamnation viendra s’ajouter à cette déjà longue liste du déshonneur.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus