Droits TV de Ligue 1: Vincent Labrune sort du silence et assure ne pas être "inféodé à Nasser al-Khelaïfi"
Après plusieurs jours de tempête, le capitaine tente de reprendre la barre. Au lendemain de l'accord entre la LFP et DAZN, qui a finalement accepté de payer la somme due en janvier, Vincent Labrune est sorti du silence, vendredi 28 février. Dans un entretien accordé à L'Equipe, le président de la Ligue revient sur la crise avec DAZN, les tensions entre les présidents de Ligue 1, et sa relation avec Nasser Al-Khelaïfi.
"Je ne suis pas inféodé à Nasser al-Khelaïfi. Cette idée, totalement fausse, n'est bâtie sur rien et elle est totalement diffamatoire", peste ainsi Vincent Labrune, avant d'ajouter : "D'ailleurs, je porterai plainte contre certaines banderoles placées dans le stade de l'OL, dimanche dernier, qui font état de corruption de ma part par Nasser al-Khelaïfi". Des banderoles qui avaient fait suite aux propos de John Textor, président-propriétaire de Lyon, qui avait dénoncé la "protection" dont bénéficie le Paris SG dans le football français et visé Vincent Labrune, traité de "petit toutou" de Nasser al-Khelaïfi.
Prêt à démissionner, Labrune se défend
Vincent Labrune est également revenu sur les fuites de la réunion du 14 juillet dernier, "qui ont ont donné une image déplorable du football français" : "Quand je prends la parole et que je remercie beIN , c'est tout simplement parce que l'on passe d'une situation où l'on avait 400 millions d'euros par an à une autre où on passe à 500 millions. Quand on vous donne de l'argent et même si ce ne sont pas les montants que j'attendais à titre personnel, on remercie les gens de l'effort plutôt que de les insulter", se défend-il.
"Le Qatar, qu'on le veuille ou non, est un investisseur majeur dans le football français depuis 14 ans. Sur le sujet des droits télé, même si certains sont déçus et j'en fais partie, beIN participe à hauteur de 210 millions d'euros dans un marché particulièrement atone. Par ailleurs, ils ne sont pas obligés de donner 40 millions d'euros sur la L2 alors qu'ils sont les seuls candidats."
Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnelà L'Equipe
Cette réunion a également révélé de profondes dissensions entre plusieurs présidents de Ligue 1 : "Personne n'en sort grandi, concède Vincent Labrune. Cette vidéo ne montre pas que Nasser dirige le collège, mais que c'est un lieu d'échanges où tout le monde donne son point de vue. Même si sur la forme cela choque, ce que je comprends tout à fait, parce que c'est sans doute la réunion la plus animée à laquelle j'ai participé depuis quinze ans..." Mais il se montre également offensif à l'égard de certains : "Je ne suis pas dupe qu'il y a un petit groupe d'individus, depuis 2024, qui s'est organisé pour nuire aux intérêts du football français en général, aux miens en particulier, et à ceux du président du PSG."
Vincent Labrune livre aussi, une nouvelle fois, sa version du dernier appel d'offres : "Il va falloir arrêter de raconter n'importe quoi parce que c'est devenu un sport national. On a bien sûr essayé de vendre la totalité des matchs à DAZN, car c'était notre priorité d'avoir toutes les rencontres chez un même diffuseur. Il se trouve que DAZN ne pouvait pas aller au-delà de 400 millions d'euros pour 8 matchs."
Le piratage en priorité numéro 1
Le président de la LFP en profite pour rejeter la responsabilité de cette crise, qui n'en finit plus de secouer le football français, sur ses prédécesseurs : "Si on en est là, c'est parce que la LFP a fait le choix de Mediapro au détriment de Canal+. Les anciens dirigeants de la Ligue ont scellé le divorce avec le diffuseur historique qui est en situation de quasi-monopole. On en paye encore les pots cassés aujourd'hui". Face aux rumeurs qui font de lui l'obstacle à un retour du groupe français dans le jeu des appels d’offres, Vincent Labrune l'écarte : "J'ai fait passer le message à Canal+, dès le mois de mai dernier, que si c'était moi le problème, j'étais prêt à me retirer pour favoriser leur arrivée au juste prix. Ce n'est pas le retour que j'ai eu."
Engagé dans une conciliation avec DAZN, sous l'égide du Tribunal de commerce de Paris pour trouver une solution à leurs désaccords, Vincent Labrune assure : "Notre priorité en ce moment c'est le piratage", qui est l'un des griefs du diffuseur britannique à l'endroit de la LFP.