Election du prochain pape : les attaques et manœuvres se multiplient à moins d'une semaine du début du conclave

L’organisation pratique du conclave, qui débutera le 7 mai, avance. La cheminée par où sortira la fumée blanche - si le successeur du pape François a été choisi - ou noire dans quelques jours a été installée dans la matinée du vendredi 2 mai sur le toit de la chapelle Sixtine. Tandis que les manœuvres pour influencer le conclave ont également commencé.

Le premier visé par les attaques est le cardinal Parolin. Il est l'un des cardinaux à ce stade les mieux placés. Un homme plutôt modéré, pas aussi réformateur que François, mais à qui les conservateurs reprochent l’accord avec la Chine pour la nomination en commun d’évêque entre Pékin et le Vatican. C’était en 2018, le cardinal Parolin, qui était numéro 2 du Vatican pendant le pontificat de François avait joué un rôle clé dans cet accord.

Ce jeudi, un site conservateur américain a affirmé qu’il avait fait un malaise dû à une crise d’hypertension lors d’une des congrégations générales ces derniers jours. La salle de presse du Vatican a démenti vendredi matin.

"Il a fait disparaître des informations à propos de crimes sexuels"

Un autre tir est venu d’une ONG connue pour documenter scrupuleusement les cas d’abus sexuels au sein de l’Église. Vendredi matin, ses membres ont organisé une conférence de presse, dans une toute petite salle d’un hôtel romain, à un jet de pierre du Vatican, pour accuser le cardinal Parolin de s’être opposé à la transparence promise par François sur les agressions sexuelles. Il n’aurait pas répondu aux demandes d’information de commissions officielles sur les cas de dizaines de prêtres et religieux en Australie, au Chili, en Pologne ou au Royaume-Uni.

Anne Barrett Doyle, la codirectrice de cette ONG, américaine elle aussi, Bishop Accountaibility assume cette action de lobbying à cinq jours du conclave. "Le cardinal Parolin comme secrétaire d'Etat a dissimulé des documents officiels venus de plusieurs pays dans le monde, affirme-t-elle. Il a fait disparaître des informations à propos de crimes sexuels commis sur des enfants contre des membres du clergé. C'est sans doute le plus grand détenteur de secret dans tout le Vatican." L'ONG pointe aussi le cardinal Tagle, l’un des favoris des progressistes, pour ne pas avoir suffisamment agi contre les abus dans son pays les Philippines et promet d’égrener d’autres noms dans les jours à venir.

D’autres scandales à venir ?

Lors de ces congrégations générales, la question des violences pédocriminelles a été mise au menu des discussions entre les cardinaux lors d’au moins deux réunions sur huit sans qu’on ne connaisse les détails des discussions, mais cela signifie que le sujet est bel et bien identifié comme l’un de ceux qui engagent l’avenir de l'Église. Le rapport de la commission du Vatican sur ce sujet à la fin de l'année 2024 montrait que dans une série de pays, cette question est non seulement loin d’être réglée mais à peine considérée comme importante. Il y a très probablement d’autres scandales à venir.

Pour ajouter au climat, un des cardinaux qui participent à ces réunions est lui-même accusé d’attouchements. Le Péruvien Mgr Cipriani a été l’objet de mesures disciplinaires, réitérées en janvier. Après la révélation des faits, François lui avait notamment interdit de porter les vêtements de cardinaux. Il s’est pourtant recueilli devant son cercueil en calotte rouge avant de participer aux congrégations générales.

La presse conservatrice italienne accuse Emmanuel Macron d’ingérence

La presse la plus à droite en Italie s’en prend à Emmanuel Macron, il faut dire qu’elle le déteste : "Macron veut aussi décider du Pape", titre la Verità. À l’origine, il s'agit d'un déjeuner du président de la République avec quatre des cinq cardinaux français à l’ambassade de France au Vatican dans le nord de Rome. Un déjeuner médiatisé auquel a assisté un journaliste du Figaro.

En off, un diplomate français qui travaillait régulièrement avec le pape François soupire : "Notre président ne connaît pas les usages au Vatican, les cardinaux détestent les ingérences politiques, c’est mauvais pour l'image de la France." Un des participants à ce déjeuner essaye de minimiser : "Il n’a donné aucune consigne de vote. Il a posé des questions très générales et n‘a pas cherché à savoir précisément ce qui se disait dans les congrégations générales. Mais il aurait pu éviter d’amener avec lui un journaliste du Figaro." On peut lire aussi cette offensive de cette partie de la presse italienne comme une façon de torpiller la candidature de Mgr Aveline, plutôt proche des idées du pape François.

Les débats de ces congrégations générales sont censés être confidentiels mais il émerge que le courant le plus réformiste, environ un quart de l’électorat a presque trop de candidats, il faut se mettre d’accord sur un. Les plus conservateurs représentent un tiers ils doivent trouver un homme que puisse approuver la majorité modérée. Les noms n’ont pas bougé depuis une semaine parmi les papabili envisagé : le Philippin Taglé, le Suédois Arborelius, l’Américain Prevost, le Français Aveline, les Italiens Zuppi et Pizzaballa.