Avant le conclave pour désigner le successeur du pape François, les parieurs en ligne se frottent les mains

C'est l'effervescence du côté des bookmakers. Après la mort de Jorge Bergoglio, le Vatican est chargé de nommer un nouveau pape, de quoi affoler les parieurs. Une effervescence qui rappelle la frénésie des parieurs anglais autour des prénoms des enfants du Prince William et de Kate Middleton, alors que les cardinaux-électeurs se réuniront le mercredi 7 mai pour le fameux Conclave.

Des millions de dollars ont été dépensés sur les plateformes de paris en ligne, faisant de cet événement "l'un des plus populaires" de l'année, a indiqué le FairPlay Sports Media, un site spécialisé, à l'AFP. Le site américain Polymarket, qui a été très prisé lors de l'élection présidentielle américaine de novembre dernier, a indiqué jeudi 24 avril avoir déjà accepté plus de 5,7 millions de dollars (5 millions d'euros) de paris.

Du côté des favoris, l'Italien Pietro Parolin est placé en tête par le bookmaker britannique William Hill. Le secrétaire d'État et numéro deux du Saint-Siège est devant le cardinal philippin Luis Antonio Tagle. Parmi les favoris, le Ghanéen Peter Turkson, qui pourrait devenir le premier pape noir. Ce sont les mêmes prédictions pour Oddschecker, un site web compilant les cotes proposées par différents bookmakers, qui place le cardinal Parolin en tête des "papabili", les favoris pour succéder à François. Signe de l'engouement autour de cet événement, le site a même lancé une section spéciale consacrée "au prochain pape".

Polymarket anticipe également une victoire de Pietro Parolin, suivi de Luis Antonio Tagle. Bien que l'Église catholique porte un regard critique sur les jeux d'argent, les paris sur les "papabili" existent depuis des siècles. "Cette pratique, autrefois réservée aux banquiers et courtisans, s'est aujourd'hui transformée en un marché mondial valant plusieurs millions de dollars", explique Leighton Vaughan Williams, professeur d'économie et finance à la Nottingham Business School, qui confirme à l'AFP que ce marché ne cesse de s'étendre.

Des prédictions peu fiables malgré l'engouement populaire

Cependant, ces prédictions manquent souvent de fiabilité et présentent des "incohérences", souligne ce chercheur, dont l'analyse s'appuie sur une étude de 2015 compilant près de cinq siècles de paris. En 2013, lors de l'élection du pape François, les favoris étaient l'Italien Angelo Scola et le Ghanéen Peter Turkson. Le futur pape argentin était largement distancé, apparaissant jusqu'à la 40e position chez certains bookmakers.

Le succès des paris papaux s'est amplifié avec le film "Conclave" d'Edward Berger, Oscar du meilleur scénario adapté en mars dernier. Ce thriller dévoile les coulisses du processus de sélection pontificale, révélant les luttes entre progressistes et conservateurs. La popularité croissante des paris cette année "témoigne d'une fascination culturelle persistante pour la papauté, amplifiée par la couverture médiatique et la culture populaire", selon Leighton Vaughan Williams.

La nature des paris a également évolué avec l'essor des cryptomonnaies, comme l'illustre l'engouement pour Polymarket, plateforme permettant de parier en devises numériques. Pour Leighton Vaughan Williams, ces plateformes représentent un "changement significatif" en attirant davantage de parieurs, tout en évoluant dans un "environnement réglementaire incertain".