Greenwashing : comment l’épargne populaire finance toujours les énergies fossiles, malgré les engagements de la Caisse des dépôts
L’épargne populaire sert-elle à financer des projets d’extraction d’énergie fossile, au risque de participer au réchauffement climatique ? Pour le savoir, l’organisation Reclaim Finance, dont la mission est l’analyse des impacts de la finance sur la justice sociale et environnementale, s’est penchée, dans un rapport rendu public ce 15 avril, sur les stratégies de placement mises en œuvre par la Caisse des dépôts (CDC).
Créée en 1816, cette institution financière publique gère 323 milliards d’euros d’actifs financiers qui proviennent à 73 % de l’épargne placée par les Français dans le livret A, le livret de développement durable et solidaire (LDDS) et le livret d’épargne populaire.
Si près de la moitié de ces fonds sont utilisés pour financer des prêts au logement social, 51 % sont investis dans les marchés financiers. Or, dans ce cadre, « son action climatique reste en réalité très opaque et manque de crédibilité », dénonce l’organisation, qui « pointe du doigt ses investissements dans le développement des énergies fossiles ».
Dix milliards d’euros investis dans les énergies fossiles
Sur le papier, en tant que gestionnaire de l’épargne des Français, la CDC doit inscrire son action dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Or, selon le Giec, tout nouvel investissement dans des projets d’énergie fossile va conduire à dépasser la limite de 1,5 degré de hausse des températures fixée par l’accord de Paris de 2015.
Malgré cela, la CDC « n’a toujours pas donné de garanties sur l’arrêt complet des investissements dans l’expansion fossile », dénonce Reclaim Finance. Pire, elle « détient près de 10 milliards d’euros d’investissements dans les entreprises actives dans les énergies fossiles ».
Même concernant le charbon, l’institution est ambiguë. Elle s’est bien engagée dans un processus de retrait du charbon thermique mais poursuit en revanche « ses soutiens à l’expansion du charbon métallurgique, qui ne fait l’objet d’aucune restriction d’investissements ». S’ajoute sa décision de confier 3 % de ses actifs, soit l’équivalent de 10 milliards d’euros, à des gestionnaires de fonds qui « pour la plupart ont des pratiques qui contribuent à empirer la crise climatique ».
Pas de transparence pour l’épargnant
L’ONG accuse, en outre, l’institution publique de ne pas remplir ses obligations de transparence vis-à-vis des épargnants : elle « ne publie toujours pas des informations clés relatives à ses investissements et sa démarche d’engagement actionnarial en faveur du climat », comme le lui reprochait déjà en 2023 la Cour des comptes, souligne le rapport.
La CDC ne donne pas non plus d’information sur la façon dont elle utilise, ou non, son poids comme actionnaire pour pousser les entreprises qu’elle finance à respecter leurs obligations en matière climatique. Rien n’est divulgué non plus concernant les fonds d’investissement à qui elle délègue la gestion d’une partie de son portefeuille et les critères pour les sélectionner.
Ce court-termisme est d’autant plus incompréhensible que « le changement climatique, rappelle Reclaim Finance, engendre des pertes pour l’ensemble de l’économie, et donc les portefeuilles financiers ».
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