Après la vidéo d’un policier frappant un jeune handicapé à Clermont-Ferrand, une enquête administrative ouverte

La vidéo dure à peine deux secondes. Diffusée sur le réseau X (ex-Twitter) mardi 11 mars vers 17 heures, elle montre un jeune homme en fauteuil roulant, entouré de policiers, sur un trottoir du quartier de la Croix-de-Neyrat, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Alors que l’un des fonctionnaires lui assène un violent coup de poing en plein visage, une autre tente de retenir le geste d’un troisième homme en uniforme qui semble, lui, vouloir empêcher le jeune homme – dont les jambes sont prises de tremblements – de se protéger avec son bras gauche.

Malgré leur brièveté, la violence de ces images les a très vite rendues virales. Elles ont été diffusées par un témoin, Yasin Chelly, un étudiant clermontois. Il a raconté à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes ce qu’il a pu observer avant de prendre les images, alors que se déroulait dans le quartier « une descente de police » – une « opération de sécurité ciblée », a confirmé la préfecture mercredi, conduite par la direction interdépartementale de la police nationale « avec le soutien d’une unité de force mobile » à laquelle appartiendrait le policier auteur du coup de poing.

« Rien ne justifie qu’on aille donner un coup de poing à une personne paraplégique »

Le jeune homme, prénommé Raphaël, « est un habitant du quartier, il est assez connu, c’est un mec sympa, on sait qu’il est paraplégique, expose Yasin Chelly. Il est handicapé, c’est un peu compliqué pour lui. Il fait un peu comme les autres jeunes, ce n’est pas le genre de personne à aimer la police ».

Toujours selon ce témoin, interrogé également par le quotidien régional la Montagne, le jeune homme « s’est approché des policiers puis les aurait insultés ». L’un des fonctionnaires « s’est alors dirigé vers lui, l’a étranglé plusieurs secondes, puis l’a relâché ».

« Raphaël, la seule chose qu’il pouvait faire, reprend le témoin, c’est ouvrir sa bouche. Il ne peut pas les attaquer physiquement. » C’est pourtant à ce moment, après le premier étranglement, que l’un des policiers va frapper le jeune porteur de handicap.

Ensuite, « il y a des collègues policiers qui viennent, ils apaisent la situation, ils vont parler avec Raphaël pendant au moins trente minutes », raconte Yasin Chelly qui précise que son but, en publiant la vidéo, « n’était pas de faire le buzz. Je respecte la profession des policiers (…), c’est un travail qui peut être parfois ingrat, c’est compliqué pour eux ». Mais, ajoute-t-il, « rien ne justifie qu’on aille donner un coup de poing à une personne paraplégique, même s’il parle mal aux policiers. On l’emmène au poste de police pour outrage, une arrestation normale ».

Une plainte déposée… contre la victime

C’est d’ailleurs ce qui s’est finalement produit, puisque « Raphaël » a ensuite été conduit au commissariat de police de Clermont-Ferrand, où il a été entendu, et où une plainte a été déposée… contre lui, par l’un des policiers, pour un coup de pied. Lequel aurait donc été décoché par un jeune homme dont la vidéo indique avec évidence qu’il ne contrôle pas ses jambes.

Les réactions n’ont pas tardé, débordant très vite bien au-delà des réseaux sociaux. Le maire de Clermont, Olivier Bianchi (PS), a qualifié les images de « choquantes » et dénoncé « un acte injustifiable autant que disproportionné, (…) qui ternit l’engagement des forces de l’ordre pour la sécurité des habitants ». « Toute la lumière doit être faite par la justice sur cette violence », a-t-il demandé.

Marianne Maximi, députée (FI) de la circonscription, a également dénoncé un « insupportable acte de violence ». « Quoi qu’il se soit passé avant, a-t-elle expliqué à France 3, c’est un geste qui n’est absolument pas réglementaire, qui n’est pas nécessaire, qui n’est pas proportionné. »

La députée a indiqué avoir alerté la procureure de la République de Clermont-Ferrand « au titre de l’article 40 » du Code de procédure pénale, qui enjoint à toute autorité constituée de signaler sans délai au procureur tout crime ou délit dont elle a eu connaissance. Elle a également signalé les faits auprès de l’IGPN (inspection générale de la police nationale), « pour que ce policier soit suspendu et qu’il y ait une enquête qui soit ouverte ».

Selon les infirmations de la Montagne, c’est en effet ce qui va se passer, le ministère de l’Intérieur ayant confirmé l’ouverture d’une enquête administrative pour « établir les circonstances de ce qu’il s’est passé ». Mercredi après-midi, le policier, membre de la CRS 83, une unité d’intervention rapide, était toujours en fonction.

Le média que les milliardaires ne peuvent pas s’acheter

Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !