« Sale chien », coups de poing et de pied : Trois policiers, dont deux déjà concernés par des faits de violence, frappent en pleine rue

En pleine rue, devant le pub Saint-Michel de Paris (Île-de-France), trois hommes habillés en civil donnent, au petit matin du 4 mai, de violents coups de poing et de pied à trois hommes d’origine maghrébine. Il s’agit en fait de trois policiers hors service Maxime D., Clément B. et Romain B., révèle, mardi 10 décembre, Libération qui publie les images édifiantes. Les violences ont été filmées par Sophie D. qui ne se doutait pas qu’il s’agissait de policiers, révèle également le quotidien.

Si plusieurs témoignages ont attesté du caractère raciste de l’agression, le parquet de Paris n’a pas été retenu cette qualification. Mais Libération pointe des insuffisances au cours de l’enquête, qui n’a pas permis retrouver les victimes de l’agression. Ainsi, les données téléphoniques n’ont pas été exploitées, et le taxi qui devait transporter les personnes agressées n’a pas été recherché.

Lors de leurs auditions, les trois agents ont nié le caractère raciste de leurs violences. Contactés par le quotidien, directement ou par l’intermédiaire de leurs avocats, les trois agents n’ont pas répondu. Ils seront jugés le 20 mars 2025 pour des violences commises en réunion sans interruption totale de travail (ITT).

Les policiers avaient déjà été épinglés pour des violences

La vidéo est d’autant plus révélatrice quand on connaît les profils des agents en cause. Les deux premiers, en poste au commissariat des Ve et VIe arrondissements, sont impliqués dans l’affaire des violences commises en juillet dans un commissariat contre un homme de 42 ans nationalité péruvienne placé en garde à vue pour outrage. De nombreux élus de gauche s’étaient indignés face à ces images.

Maxime D. est également concerné par une autre affaire de violences datant de juin 2022. Il avait aspergé de gaz lacrymogène et utilisé sa matraque télescopique pour faire partir Virginie E., une femme qui se rendait au commissariat pour déposer plainte contre des agents RATP. Le troisième, frère de Clément B., est en poste à la police aux frontières dans l’unité chargée de l’expulsion des étrangers.

L’un d’eux a déclaré que « l’on était en France ici et qu’il fallait parler français »

Au cours de l’agression, l’un des policiers, Maxime D, aurait crié « sale chien », selon la retranscription faite dans l’enquête. De plus, le quotidien révèle le témoignage de l’un des videurs du bar, Vadim L. Il explique avoir refusé l’accès aux hommes d’origine maghrébine, alors que les policiers hors service se trouvaient alors devant le bar. « Ils ont entendu que les autres personnes parlaient arabe, l’un d’eux a alors déclaré que l’on était en France ici et qu’il fallait parler français. C’est cette réflexion qui a déclenché le conflit. Ils ont commencé à s’embrouiller verbalement entre eux », a expliqué le videur selon l’enquête pénale.

Lors d’une autre audition, l’une des personnes qui passait la soirée dans le bar, Gwenaëlle C., a estimé qu’il s’agit d’une agression raciste. Sa sœur, Alizée C., a indiqué que « les agresseurs (lui) faisaient penser à des nationalistes d’extrême droite ». « En tout cas c’est le ressenti que j’ai eu à la vision de tant de violence », a-t-elle déclaré.

En outre, l’enquête révèle qu’Antoine A., policier affecté à la sous-direction des services spécialisés de la préfecture de police de Paris, et ancien collègue de Maxime D. et Clément B., travaillait ce soir-là comme videur dans le bar et n’est pas intervenu pour mettre fin aux violences.

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