Droits TV : les trois reproches de DAZN contre la LFP concernant la Ligue 1

Personne par la guerre (juridique) ne devient grand. Le PDG de DAZN France, Brice Daumin, a presque paraphrasé maître Yoda mercredi 12 février pour s'exprimer sur l'assignation en référé de la Ligue de football professionnel (LFP) estimant que "ce n'est pas cette procédure qui résoudra les problèmes pour rendre le produit attractif".

"Cela a un peu plombé l'ambiance, mais ce référé ne règle pas le problème de fond", a également affirmé Brice Daumin dans le Figaro. "Nous avons été un peu surpris de la manière dont le plus gros diffuseur de la Ligue 1 est traité".

Le dirigeant affirme que le groupe a voulu créer "un électrochoc" face aux manques de réponses de la LFP depuis qu'il a acquis les droits TV de huit rencontres de Ligue 1 par journée pour la période 2024-2029 pour 400 millions d'euros annuels.

"La Ligue devait revenir vers nous le 6 janvier mais elle ne l’a pas fait. En deux mois, DAZN, qui est son plus gros partenaire, n’a eu aucune nouvelle, malgré plusieurs relances", explique Brice Daumin.

Dans le viseur du groupe : une surévaluation du potentiel abonnés du groupe, le manque de coopération des clubs et le piratage.

Premier reproche : le manque d'abonnés

S'il concède que "la situation n'est pas satisfaisante", DAZN refuse de son côté toujours de commenter le chiffre de 500 000 abonnés que compterait actuellement la plateforme de streaming sportif.

Dans sa propre assignation en référé de la LFP, DAZN reproche que certaines des informations partagées sur le contexte du marché français pour l'inciter à se lancer étaient erronés, notamment le potentiel d'abonnées à la Ligue 1.

Si elle n'atteint pas le nombre de 1,5 millions d'abonnés en décembre 2025, la plateforme de streaming sportif dispose d'une clause pour dénoncer son contrat avec la LFP, qui court normalement jusqu'en 2029. 

"Mais ce n'est pas parce que nous n'avons pas 1,5 million d'abonnés en décembre 2025 que nous voulons activer la clause dénonçant notre contrat avec la Ligue", promet le dirigeant de DAZN. "Nous n'avons aucune intention de partir. Nous sommes là pour longtemps, comme dans chaque pays où nous avons acquis des droits".

Deuxième reproche : le manque de coopération des clubs

Le dirigeant de DAZN France semble par ailleurs convaincu que la Ligue pourrait être mieux valorisée. À l'heure où le documentaire sportif en immersion façon "Drive to Survive" ou "Tour de France : au cœur du peloton" est à la mode, il enrage de voir les clubs encore réticents à ouvrir leurs coulisses.

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"Beaucoup de sujets peuvent être mieux travaillés afin de valoriser le football français. Par exemple, venir dans tous les bus, tous les vestiaires pour couvrir l’intégralité de ce qui se passe avant, pendant et après les matchs : nous ne demandons que ça ! Et c’est l’attente des fans. Les clubs doivent être plus volontaires de ce point de vue", souligne le dirigeant.

"Nous sommes convaincus que le produit Ligue 1 doit s’améliorer pour devenir plus attractif. Quand on regarde le rugby, la Formule 1 , la moto GP... Nous sommes persuadés que l’on peut faire beaucoup mieux en termes de promotion et d’attractivité de la Ligue 1", poursuit le Français. "Prenez les matchs de NBA. Quand Victor Wembanyama vient en France, il fait 150 interviews, il porte un micro durant son match, tout est organisé ! Il faut améliorer et réinventer le produit Ligue 1."

Pour forcer la coopération, DAZN propose ainsi qu'une partie des droits versés soient variables et ainsi inciter tout le monde à pousser dans le même sens.

Troisième reproche : le piratage

Échaudés par les tarifs annoncés par DAZN en début de saison (30 euros par mois), les amateurs de foot français se sont massivement tournés vers les offres illégales : canaux Telegram, IPTV... Une étude réalisée l'automne dernier par l'institut Ipsos et relayée par le directeur général de LFP Media, Benjamin Morel, lors d'une conférence organisée par l'Arcom, a illustré l'ampleur du phénomène : 55 % des spectateurs ayant regardé le match OM-PSG fin octobre – un des temps forts de la saison – ont eu recours à une source illégale.

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"Lorsqu'on achète une casserole, on ne s'attend pas à avoir une passoire", résume Brice Daumin. "Les efforts ne sont pas suffisants. L'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, ne travaille pas les week-ends. En Italie, on est capable de bloquer 18 000 liens en deux jours. Et l'Arcom, c'est 5 000 par an. Autrement dit, l'Italie réalise en un week-end ce que l'Arcom met trois ans et demi à faire ! Ce n'est pas une critique. Ils n'ont pas suffisamment de moyens et ce sujet doit être adressé."