«Madame la Présidente. Je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir.» C’est une lettre d’enfant avec des mots d’adulte qui a été lue lundi, devant la cour d’assises d’Albi. Celle du petit Louis, 11 ans, le fils de Cédric Jubillar, qui comparaît depuis le 22 septembre 2025 pour le meurtre de sa femme. Ce courrier a été lu aux jurés par Me Malika Chmani, l’une des deux avocates représentant les enfants du couple. Une ultime tentative pour tenter d’arracher des aveux à l’accusé prostré dans le box.
À lire aussi Au procès de Cédric Jubillar, des mensonges délayés dans de l’incohérence
Dans cette missive de trois pages, l’enfant revient sur les violences infligées par son père depuis qu’il est tout petit, mais aussi sur la soirée de la disparition de sa mère, le 15 décembre 2020, dans leur maison de Cagnac-les-Mines, lors de laquelle ses parents se seraient disputés. Malgré son jeune âge, ce témoignage majeur pour l’accusation a été estimé crédible par les enquêteurs.
Passer la publicité«Madame la Présidente. Je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir. Tout d’abord lorsque Maman n’avait pas encore disparu et que Elyah n’était pas encore née, Cédric me demandait de m’agenouiller, les mains sur la tête trente minutes, au coin, les genoux sur les Legos, lorsque je faisais une bêtise. Cela arrivait quand maman travaillait et il me demandait de ne pas le dire à maman. Également, lorsque j’étais tout seul avec lui, il me demandait de baisser le pantalon pour me mettre des fessées. Ainsi, Cédric m’insultait beaucoup, comme ’petit ou gros con’.
Des fois, je ne me rappelle pas pour quelles raisons, Cédric m’a tapé tellement fort derrière la tête qu’une dent s’est arrachée en tapant la table du salon. Encore une fois, s’était (sic) quand Maman travaillait. Une fois, je me rappelle que j’écrivais les chiffres en lettres et je n’y arrivais pas donc pour me punir, il a détruit ma ville en lego que j’avais mis très longtemps à construire.
Le soir du 15 décembre 2020, je regardais «La France a un incroyable talent avec maman qui porter (sic) des lunettes sur le canapé. Je me rappelle être allé au lit avant la fin de l’émission. J’ai entendu Cédric ouvrir la porte de sa chambre pour rejoindre maman dans le salon et une dispute est survenue. Pour qu’ils arrêtent, j’ai jeté un lego dans le couloir, Cédric est venu voir. Je faisais semblant de dormir et après je me suis endormi pour de vrai. Après la disparition de maman et que l’on a déménagé chez mamie et papi, c’est mamie qui s’est occupée de Elyah et moi. Cédric ne s’est pas occupé de moi, ni de ma sœur. C’était dur.»
Verdict attendu ce vendredi
La présidente Hélène Ratinaud s’est ensuite tournée vers le peintre plaquiste, espérant que cette lecture suscite chez lui une émotion. Mais comme durant les trois semaines d’audience, Cédric Jubillar est resté impassible, se contentant d’une phrase laconique: «Je trouve ça triste.» L’interrogatoire de l’accusé s’est ainsi achevé lundi sans aucune avancée pour la manifestation de la vérité. Ce mardi s’ouvrent les plaidoiries des parties civiles, avant les réquisitions mercredi, puis le verdict attendu ce vendredi. Cédric Jubillar encourt la réclusion criminelle à perpétuité.